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Écoutez l’émission du 30 septembre avec Sophie Mitrani et Gerard Foucher
L’excellent documentaire de Sophie Mitrani et Nicolas Ubelmann, « La dette », est conçu principalement autour de ces questions : d’où vient la dette et d’où vient la monnaie ?Quelles logiques et quels intérêts se cachent derrière ces mots ? Fruit de trois années d’enquête, le film tente de répondre à ces questions et montre comment le privilège de la création de monnaie a peu à peu été pris en main par les banques au détriment des Etats. En effet, au cœur de la « crise » dont on nous rappelle sans cesse qu’elle menacerai l’édifice européen, sa monnaie et l’avenir de ses peuples, il y a ce qu’on appelle « la dette publique ». Pas un jour qui passe sans que l’on évoque les risques mortels portés par ce monstre menaçant notre avenir proche. Incongrues, excessives, nos dépenses publiques alimenteraient une dette exponentielle pouvant désormais exploser d’un jour à l’autre. Face à ce scénario catastrophe, depuis plus de 20 ans en Europe, la réponse des élites économiques, la fameuse troïka, a pour nom « austérité » : réduire les dépenses, trouver de nouvelles recettes en privatisant partout où c’est possible les services publics afin de réaliser des économies monétaires à court terme.
Pour tenter d’expliquer, de démystifier la dette et de proposer de solutions alternatives à la politique délétère présentée comme inéluctables, les réalisateurs ont fait appel à des universitaires, des économistes, sociologues, historien, citoyens, ministre, hommes politiques ou autres tels Benjamin Coriat, Pascal Canfin, Bernard Maris, Patrick Viveret, Marie-Louise Duboin, Renaud Vivien, Jean-Pierre Brard, Dominique Hollard, Christian Chavagneux, Gérard Foucher, Pierre Roba, Philippe Murer, Laure Quennouelle-Corre. A voir absolument !
Sanctions des agences de notation aidant, la voie à suivre semble couler de source pour les gouvernements européens qui se sont succédé ces dernières années. Ils obéissent au sens général donné par les textes de l’Organisation mondiale du commerce : moins d’Etat, plus de privé, plus de pouvoir à la finance, moins de régulation protégeant les citoyen-ne-s et leur trésor public.
Pourtant, tout projet collectif – route, crèche, collège, bibliothèque, jardin public – ne relève-t-il pas d’un pari sur l’avenir qui suppose endettement et remboursement ?
Les dettes, mesurées, ne sont pas nécessairement nocives.
Alors pourquoi cette panique entretenue, pourquoi cette culpabilisation, pourquoi maintenant ?
Inutile de recourir à une théorie du complot pour voir qu’un tel danger sert efficacement d’argument pour céder de nouveaux pans de la richesse publique aux détenteurs de capitaux.
L’appauvrissement collectif que nous vivons en tant que citoyens bénéficiant de moins de services sociaux, de moins de personnel dans les hôpitaux, ou de moins d’argent public pour la culture, ne vient pas de nulle part, et n’est pas une mauvaise nouvelle pour tout le monde. Le PIB, au plan mondial, continue d’augmenter, les pollutions aussi, et le mot « crise » ne recouvre pas les mêmes réalités selon que l’on se trouve du côté des actionnaires ou des sans-emplois.