Écoutez l’émission du 5 mars avec Paul Mingasson de la CIMADE
Oui, il est possible d’imaginer et de penser une autre politique migratoire, fondée sur des principes de mobilité, d’hospitalité et de citoyenneté !
À quelques mois des échéances électorales, La Cimade entre en campagne et présente 40 propositions pour une politique d’hospitalité.
Paul Mingasson, vice président de la CIMADE Ile de France détaille ces propositions qui illustrent la possibilité pour un gouvernement décidé de transformer immédiatement et profondément la politique migratoire française.
Pour qu’enfin ceux qui font les lois ou prétendent accéder aux plus hautes responsabilité de l’État comprennent qu’ils n’ont pas le droit de continuer à prendre les citoyens français pour des idiots et des racistes.
Depuis près de 40 ans, le dogme de la fermeture des frontières structure les politiques publiques en matière d’immigration. L’Europe s’est cadenassée face aux migrants, tout en délégitimant toute alternative fondée sur la solidarité et les droits, jugée coupable d’irréalisme et de naïveté. Incapable de répondre aux objectifs qu’elle s’est donnée, cette politique inefficace provoque de surcroit des dégâts humains considérables et met en péril nos libertés.
En plaçant les migrants et leurs familles dans un dédale administratif et des conditions de plus en plus inatteignables pour l’obtention d’un titre de séjour stable, ce sont des dizaines de milliers de sans droits que la législation a créés, pour le plus grand profit de secteurs entiers de l’économie française qui peuvent ainsi utiliser une main d’œuvre docile et bon marché. Peu à peu, en matière de santé, de protection sociale, de logement ou de formation, l’exclusion est devenue la règle, le droit l’exception. Et pour ceux qui espéraient encore des conditions de vie différentes de celles qu’ils avaient fuies de leur pays d’origine, les objectifs chiffrés d’expulsion ont signifié un message clair : vivez cachés ou l’expulsion vous attend.
Les étrangers auront ainsi, depuis près de 40 ans, subi le sort souhaité à tous par les tenants du dogme libéral : déconstruire les droits pour en revenir au « tous contre tous », baser les rapports humains sur la valeur marchande et la prédation, en finir avec les principes de solidarité, d’égalité, de justice. Construire une société de « sans droits ».
Dans le même temps, le poison des vieux démons xénophobes et racistes n’en finit pas de prospérer sur le terreau de la désespérance sociale. La haine de l’étranger ou de l’autre continue plus que jamais à scander le rythme des discours politiques, détournant le regard des citoyens des enjeux autrement plus graves de sous-emploi, d’inégalités sociales et d’injustice fiscale. Dans ce contexte, l’intégration des immigrés est devenue une injonction généralisée, visant à discriminer les étrangers en s’appuyant sur l’argument de « l’assimilation » à de supposées « valeurs communes », qui ne sont que le masque d’un nationalisme d’exclusion. Lire la suite et partager