Écoutez l’émission du 5 septembre avec Clémence Richard et Serge Portelli
Ouvert en toute discrétion estivale le 31 aout dernier, à proximité de l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, le centre du Mesnil-Amelot est le plus grand centre de rétention administrative pour étrangers. D’une capacité totale de 240 place, soit le double du maximum prévu par la loi, ce véritable camp, de conception carcérale, est composé de 6 unités de vie de 40 places autour de deux bâtiments administratifs jumeaux, eux-mêmes reliés par une passerelle de commandement tandis qu’une double enceinte grillagée et barbelée entoure l’ensemble du camp équipé de caméras et de détecteurs de mouvements ainsi que d’un mirador de contrôle. Autre nouveauté, comme nous le précise Clémence Richard, coordinatrice en charge des questions de rétention à la CIMADE Ile-de-France, ce lieu est « ouvert » aux familles et donc aux enfants. En effet, ce jour, sont enfermés une mère de famille géorgienne et ses trois enfants de 5, 2 et 1 ans, tous nés en France. Alors même qu’un recours est en cours, ils ont été arrêtés à leur domicile, à Guéret dans la Creuse, le 30 août au matin. Le père lui n’était pas présent à ce moment-là au domicile. Illégal car contraire à la Convention internationale des droits de l’Enfant, l’enfermement est au surplus, pour ces derniers, un véritable traumatisme, comme l’ont clairement affirmé diverses institutions indépendantes, telles le Conseil de l’Europe, la Commission nationale de déontologie de la sécurité et la Défenseure des enfants. Arrêtés avec leur famille dans des conditions souvent violentes, arrachés brutalement à leur vie quotidienne, privés de scolarisation et d’activités, ces enfants sont aussi confrontés à l’angoisse et à la dévalorisation de leurs parents qu’ils voient menottés, entourés de policiers , présentés devant des juges, tels des délinquants.
Les associations intervenant dans les CRA auprès des familles retenues, peuvent témoigner des symptômes révélateurs d’un délabrement psychique au quotidien, causé par la rétention sur les enfants. D’autant que la durée maximale de l’enfermement a récemment été portée à 45 jours, ce qui accroît encore les risques de traumatismes psychologiques. Rappelons que les centres de rétention et zones d’attente sont les seuls lieux où des enfants de moins de 13 ans peuvent être enfermés, comme si le seul fait d’être étranger rendait cette maltraitance institutionnalisée acceptable. Récemment encore, la juridiction de Lille a sanctionné cette pratique au motif qu’elle constituait un traitement inhumain et dégradant au sens de l’article 3 de la CEDH. La Cour européenne elle-même a condamné cette pratique dans une affaire concernant la Belgique. Lire la suite et partager