Écoutez l’émission du 5 mars avec Stéphane Mercurio
Grâce à ce film de Stéphane Mercurio, en salles depuis le mercredi 7 mars, les personnes enfermées dans des lieux où le droit (notamment celui du travail) laisse souvent place à l’arbitraire, ont enfin la parole ! A travers la caméra de la réalisatrice nous suivons le travail de Jean Marie Delarue, le contrôleur des lieux de privation de liberté (dont le rapport vient de paraitre) et de ses équipes. Ainsi ce documentaire nous fait pénétrer à l’intérieur des murs de la maison d’arrêt de femmes de Versailles, de l’hôpital psychiatrique d’Evreux, de la centrale de l’île de Ré, et de la toute nouvelle prison de Bourg-en-Bresse.
Si « A l’ombre de la République« , est réussit, c’est parce qu’il atteint un double objectif :
D’abord il nous montre, nous fait entendre les détails, les humiliations quotidiennes, les manques essentiels, l’ennui quotidien qui font de la prison ou de l’hôpital psychiatrique un véritable enfer… Le diable est dans les détails, dit-on… C’est précisément ce qui, à l’extérieur, semblerait anecdotique, qui rend la détention insupportable. Si le travail des contrôleur, lors de leurs visites, consiste d’abord à écouter et quand c’est possible à soulager. La compréhension fine du système carcéral qu’ont acquis cette trentaine d’hommes et de femmes qui visitent les lieux de détention les amènent tenter d’y faire appliquer la loi et respecter les droits fondamentaux des êtres humains.
Mais au delà de l’urgence, la caméra de Stéphane Mercurio et les photos de Grégoire Korganow permettent de révéler le problème de fond et surtout de société (c’est à dire notre problème à tous), que pose l’existence même de certains de ces lieux d’enfermement. Pourquoi, en prison, on peut travailler 60heures par semaine (tous les jours), et ne même pas toucher 200 € à la fin du mois ? Entre ces murs le SMIC n’existe pas… les prisonniers sont « à l’ombre » des lois de la république française ! Et pourtant, faute de pouvoir étudier, se former à un métier, lire … les détenus travaillent, pour s’acheter, à prix d’or de quoi manger et surtout pour ne pas mourir d’ennui… L’ennui et l’isolement sont , justement, les caractéristiques principales des nouvelles prisons, aseptisées et où personne ne se voit ni ne se parle, où les portes sont plus nombreuses que les surveillants… Enfin, la question est clairement posée : à quoi sert la prison ? Au delà d’un certain nombre d’années, l’espoir de pouvoir se reconstruire une vie DEHORS s’amenuise et sans but ni objectif, ces personnes abandonnées par la société se sentent sacrifiées. Et ils le sont. Lire la suite et partager