Radio : émissions 2014

Michel Koutouzis : une mise en perspective historique du terrorisme et un regard dépassionné sur l’EIIL

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guerreMichel Koutouzis, historien et géopoliticien, voire un eu prophète (lire ici pour s’en convaincre), pose un regard calme et dépassionné sur le Califat auto-désigné Etat Islamique et au Levant et analyse les enjeux et les buts d’une énième « guerre au terrorisme » menée par l’occident.

« Le terroriste n’est pas le produit d’une génération spontanée. Il nait, vit et se développe au sein d’espaces éclatés, morcelés, tribalisés, où l’autorité centrale reste contestable et contestée, ou la société se referme sur l’extrêmement petit (en lui donnant cependant un statut universel), là où l’idéologie se limite et se rétrécît à l’extrême en quelques cris et slogans. Lire la suite et partager »

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Conversation « à cerveau ouvert » avec Michel Koutouzis : la circulation des hommes, des marchandises et des idées expliquée par leur coût de « transport » respectif …

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michel koutouzisLors de l’une de ses  rapides « escales » parisiennes, entre deux voyages sur les mers du monde qu’il sillonne depuis plusieurs mois pour préparer un documentaire  consacré aux armateurs, Michel Koutouzis, que j’ai rencontré au lendemain du discours de politique générale de Manuel Valls, quelques jours après le »référendum » validant l’annexion de la Crimée par la Russie, nous avions prévu d’évoquer l’écartèlement de l’Ukraine et les enjeux géopolitiques sous tendus. Mais lors de cette entretien « à cerveau ouvert » avec cet historien, ethnologue et écrivain qui ne s’interdit aucun sujet de réflexion, trois questions principales ont occupé notre discussion :

 

– le rapport au temps des dirigeants économiques et politique, leurs agendas résolument antagonistes avec l’intérêt des peuples et leur manque dramatique de toute « vision » politique de long terme,

– la circulation des marchandises et principalement leur coût de transport qui est l’une des clés essentielles de ce que l’on nomme mondialisation et qui explique, entre autres les conflits économiques qui se prolongent parfois sur le plan politique, voire militaire.

– la démocratie, en France et en Europe, thème récurrent, mais essentiel de la réflexion de celui qui développé et nourri, pour avoir longtemps travaillé au sein de la commission européenne, un regard critique particulièrement acéré sur ce « concept » et ses tentatives de mises en pratique. Lire la suite et partager »

Radio : émissions 2013, Rencontres, débats ...

Réflexion, avec Michel Koutouzis, sur notre système de gouvernement… qui n’a plus de démocratie que le nom !

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democratieDurant cette émission l’historien et ethnologue Michel Koutouzis nous rappelle quelques vérités oubliées quant à la démocratie athénienne dont l’occident se réclame sans pourtant en respecter les principes élémentaires.

Rappelant par exemple qu’au Ve siècle, de la règle de l’égalité entre tous les citoyens (même si leur nombre était restreint) découlait l’attribution des charges par tirage au sort (suffrage censitaire) et que l’ostracisme permettait de mettre au ban de la cité une personnalité trop présente dans la vie publique, notre interlocuteur démontre à quel point certains aspects du système censé régler nos existences sont occultés.

Ainsi ce que l’on nomme aujourd’hui « démocratie » est une coquille vide qui se pare d’un formalisme institutionnel exagéré pour mieux dissimuler le fait que les décisions importantes se prennent loin du peuple et contre lui.

« Crois et ne cherche surtout pas nous disaient les églises. Les démocraties européennes déclinent à l’infini : toutes les opinions se valent mais le marché dicte sa loi. Sommes nous si loin d’un pouvoir théocratique ? Ainsi, les vecteurs propres à la démocratie comme le progrès, la réaction, la conservation, la révolution, la radicalité, s’éclipsent au nom d’une bonne ou mauvaise voie, dépendant exclusivement de l’appréciation de cette technostructure de clercs – experts, eux mêmes imbus d’une religion qui n’ose pas dire pas son nom. »

Dénoncer cela et imposer le retour a la réelle démocratie n’est pas chose aisée. Mais accepter cet état de fait serait pire que tout : Français… encore un effort pour être citoyens !

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Géostratégie des interventions militaires : l’éclairage de Michel Koutouzis

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ares-god-of-warA mille lieues des discours infantilisants des hommes politiques et du ressassement médiatique, l’historien et ethnologue Michel Koutouzis nous livre une analyse aussi pertinente que décapante des gesticulations occidentales concernant la guerre syrienne et plus généralement des motivations réelles des guerres d’intervention.

Effectivement, dès lors que l’on accepte de se poser de poser un regard calme sur la situation, en essayant d’intégrer des paramètres éludés, on réalise que le théatre des opérations est complexe : « Le nord-est syrien est sous le contrôle kurde. Cela inquiète la Turquie. Deux composantes djihadistes (ASL et Idlib), à l’est, au centre et à la frontière turque ont créé des zones autonomes et se tapent dessus quand elles peuvent. Une multitude de petits groupes fondamentalistes (sunnites en majorité) sillonnent le pays confondant révolution et prédation. Cela inquiète les Etats Unis et l’Europe. Une partie des villes et même le nord-est de Damas sont sous le contrôle fluide d’insurgés laïques. Ce qui inquiète aussi bien l’Iran que les pays du Golfe, gros mais sélectifs financeurs de l’insurrection. Le Hezbollah agit en profondeur sur le sol syrien aux côtés de l’armée syrienne. Cela préoccupe l’Europe et Israël. A l’intérieur de cette guerre, des mini guerres opposant kurdes et fondamentalistes, groupes djihadistes, laïques et religieux, Alaouites et Sunnites, participent au chaos tandis que des milices (chrétiens, sunnites, chiites, kurdes) fortifient bourgs puits, barrages et villages taxant au passage les routes et les chemins qui y mènent. Même ceux qui pendant des décennies se considéraient simplement syriens doivent aujourd’hui adosser au moins un des qualificatifs politico – religieux et/ou ethniques ci-dessus. L’action en profondeur des uns et des autres est quasi impossible. La guerre prend l’allure d’incursions punitives successives, de guerre de positions (aux dépends de ce qui reste des villes), et de bombardements massifs. Pour les uns comme pour les autres des secteurs de territoire incertains reliés par des corridors encore plus incertains et changeants. Un bon tiers des villes et de leurs infrastructures est totalement détruit, comme les systèmes d’irrigation, les réseaux électriques, les routes, sans oublier la destruction massive du patrimoine historique. D’ores et déjà, tandis que le pouvoir politique reste toujours en place, la Syrie est un pays détruit qu’un vingtième de sa population a déjà fuit. Il est aussi devenu un jouet de ses voisins (Israël, Turquie, Iran), se « libanise », tandis que le Liban reprend allègrement le chemin de la « grande catastrophe » Les pertes humaines sont énormes mais aussi, produit d’une multitude de guerres, invérifiables, d’autant plus que s’y ajoutent des règlements de compte, on « résout » des différents entre villages, familles, clans qui n’ont rien avoir avec les enjeux de la guerre elle même.

Complexe, les enjeux à l’extérieurs de la Syrie ne le sont pas moins : Israël, par exemple, a tout à perdre avec la chute de Bachar el – Assad mais tout à gagner d’un affaiblissement de l’Iran qui le soutient et du Hezbollah, acteur en Syrie et soutenu par l’Iran. La Turquie, par ses barrages anatoliens tient les vannes qui peuvent transformer en désert ou en jardins fleuris la quasi-totalité de l’espace agricole syrien. Mais elle craint aussi l’émergence d’un Etat kurde et celui de l’entité autonome en Iraq lui suffit amplement comme problème. Chypre possède sur son sol une base aérienne britannique mais, après avoir porté un coup bas aux sociétés offshore russes à son corps défendant ne veux pas aggraver ses relations avec la Russie. Tout comme la Grèce et la base américaine de Souda en Crète. La Russie et la Chine, qui ne s’embarrassent pas du concept de guerre juste quand elles interviennent à leurs marches (ou supposées l’être) savent rappeler aux alliances atlantiques qu’ils ont été largement abusés en Libye et que cela ne se reproduira plus. Faites ce que vous voulez insinuent-ils mais cela se fera aux dépends de vos propres concepts (guerre juste adossée par la communauté internationale).

Tous ceux qui « s’inquiètent », qui « restent préoccupés », ou affirment leur « indignation » oublient un peu trop vite qu’ils ont surtout « misé » sur une solution rapide des uns ou des autres, participant de la sorte à l’impasse. Naît alors la notion d’une « mort inacceptable » pour cacher l’acceptation de dizaines de milliers de morts et de la destruction massive d’un pays. On découvre soudainement que tuer par le gaz sarin est un casus beli, tandis qu’au même moment des bombardements massifs mais « admis » en tuent bien plus. Ce n’est plus la mort en soit mais cette mort spécifique qui mobilise, tandis que les médias et les opinions manipulées participent à ce jeu destructeur de leur propre entendement qui spécifie de manière morbide leurs résistances morales par rapport à ce désastre global. » Lire la suite et partager »

Films, Livres, Radio : émissions 2013

Sur la route des faux médicaments avec Michel Koutouzis

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trafic_medocs2 Coup de Trafalgar : on a trouvé de la viande de cheval dans des plats préparés sensés contenir du bœuf ! Aussitôt, les médias relayent l’information et le scandale prend une ampleur nationale.  En remontant la piste on comprend alors que cette viande a voyagé bien au delà de ce qu’il aurait été possible de le faire durant leur vie entière pour les animaux sur pied… Mais surtout que le « voyage » de ce « minerai » de viande a généré des flux financiers et des profits « optimisés » aux circuits bien plus complexes encore que le chemin de la pseudo viande à l’assiette du consommateur…

le problème c’est que les médias, à grands renfort d’experts et de déclaration de « responsables » politiques, présentent ce scandale comme une exception… Altrafic_medoc1ors que, presque partout, et surtout, dans tous les domaines, ce genre de trafics et d’escroqueries est très répandu. Partout le vrai et le faux se côtoient, le licite et l’illicite s’interpénètrent… C’est ce que démontrent Michel Koutouzis et Pascale Perez dans leur ouvrage Crime, trafics et réseaux. Géopolitique de l’économie parallèle (éditions Ellipses). D’ailleurs, dès 2006, Michel Koutouzis, expert auprès de la Commission européenne et de l’ONU, partait sur la route des faux médicaments avec le réalisateur Patrice de Tertre. Le fruit de leur travail est ce documentaire édifiant : Trafic mortel, quand les médicaments tuent ! Pour le réaliser, les deux hommes se sont fait passer pour des négociants véreux écoulant de faux médicaments sur le marché africain. Leurs découvertes sont frappantes. A Mumbai (ancienne Bombay), des grossistes copient des médicaments en diminuant ou en ôtant leurs principes actifs, les règlements sont effectués sans laisser de trace via des banques off shore tandis que les médicaments sont acheminés par bateau et reconditionnés dans des ports francs à L’ile Maurice ou à Zanzibar avant d’inonder le marché africain….

Un trafic médicaments falsifiés, qui représentait à l’époque 10 % du marché mondial et 40 milliards d’euros de profits… de quoi corrompre pas mal de « contrôleurs » … Autant dire que l’Europe n’est pas à l’abri des faux médicaments !

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Radio : émissions 2013

L’europe contre les pauvres : le secours populaire analyse les conséquences des politiques d’austérité.

Téléchargez l’émission du 14 janvier avec Fabienne Chiche, Olivier Vilain, Michel Koutouzis et Richard Garcia Écoutez l’émission du 14 janvier avec Fabienne Chiche, Olivier Vilain, Michel Koutouzis et Richard Garcia

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Face à la crise qui financière, qui touche toute l’Europe, les dirigeants de la quasi-intégralité des pays qui la compose ont un même discours : il faut réduire les dépense pour tenter de limiter la dette et ainsi « rassurer les marchés financiers » ! Or cette politique de rigueur budgétaire à laquelle il n’y aurait aucune alternative ne fait qu’empirer la situation, tant sur le plan économique que social. Cette course effrénée à l’austérité menée par les oligarchies financières  au nom de la concurrence et de la compétitivité ne fait qu’accabler les peuples européens, les assujettissant à la pauvreté. Même si tous les économistes du FMI et autres experts de la commission européenne dénoncent leur politique de rigueur comme étant suicidaire , les gouvernements ne semblent pas prêts à changer de cap. Bien au contraire, alors que les besoins explosent avec la crise, l’Union européenne (UE) vient de supprimer le programme l’aide alimentaire qui permettait  à 18 millions de ses concitoyens de ne pas souffrir de la faim…

Avec Fabienne Chiche et Olivier Vilain, du magazine Convergence nous verrons en quoi le « modèle » allemand est loin d’être exemplaire au regard de la misère et du désespoir qu’il engendre pour les milliers de citoyens les plus fragile. Michel Koutouzis apportera un éclairage sur la fameuse crise grecque et ses origines… On verra que l’Allemagne, à travers notamment l’entreprise Siemens, n’est pas étrangère à la corruption généralisée qui gangrène l’État grec. Et Richard Garcia, nouvellement installé en Espagne, à Alcaniz, nous racontera comment la mobilisation citoyenne s’organise pour dénoncer la casse du service public (notamment avec la fermeture d’un hôpital) au profits d’intérêts privés et d’une rentabilité à court terme. Lire la suite et partager »

Livres, Radio : émissions 2012

Les nouveaux mercenaires de la liberté d’entreprendre et de circuler : un panorama réaliste de l’économie contemporaine !

Écoutez l’émission du 18 juin Avec Michel Koutouzis

Si de nombreux ouvrages expliquent les mécanismes du blanchiment, listent les paradis fiscaux,  les mafias et autres organisations criminelles, et les décrivent souvent,  avec des accents picaresques, comme des « exceptions » à l’ordre établi, implicitement reconnu comme la norme…. le livre de Pascale Perez et Michel Koutouzis, « Crimes, trafics et réseaux, Géopolitique de l’économie parallèle », paru aux éditions Ellipses, est sans doute le premier à aborder la question de l’économie « informelle » d’un point de vue tout à fait inédit : celui des criminels eux-mêmes !

En effet, dès les premières pages, les auteurs nous expliquent quelle est la vision du monde des trafiquants et autres  vendeurs de drogue, d’armes, d’objets contrefaits ou d’Êtres humains. Il s’agit pour eux, tel des cosmonautes, de prendre de la hauteur pour voir quelles sont les zones de la planète qui échappent à tout contrôle et/ou règlementation afin de les investir et d’y développer leurs activités. On comprend aussi très rapidement qu’entre économie formelle et informelle la frontière est floue, pour ne pas dire inexistante et  que notre perception du monde en général et du crime organisé en particulier, alimentée par les images des médias et les discours de nos gouvernants, est totalement erronée. Cette perception, volontairement fragmentée, faussée par la volonté de décrire le monde tel qu’on le souhaiterait et non tel qu’il est, a conditionné une gestion routinière de la criminalité visible,  laissant ainsi des espaces ouverts au monde souterrain. Par exemple, les gouvernements européens font l’impasse sur la présence d’organisations criminelles discrètes préférant se focaliser et attirer l’attention de l’opinion publique  sur la petite délinquance exubérante. Ainsi, malgré  le foisonnement des études et des statistiques concernant le crime organisé, on perd la hiérarchie des objectifs et on confond vider une cage d’escalier de dealers de haschich et éradiquer le crime organisé dans le monde.

Exemples  à l’appui, la géographe et l’historien chercheur, tous deux membres de  l’Observatoire Géopolitique des Drogues, décrivent l’inter-connectivité des mafias présentes sur les différents continents en suivant la route des produits échangés, d’Europe en Afrique où les déchets toxiques s’entassent sur les côtes somaliennes. D’Asie où l’on fabrique vrais et faux médicaments en Amérique latine où ce sont parfois les criminels qui font la loi, au sens propre du terme…

Mais le point vraiment important soulevé par les deux chercheurs est que si les tenants de la criminalité ont su décrypter le monde et en tirer profit, le monde non criminel (ou supposé tel), n’est pas toujours insensible à leurs pratiques. Dans un domaine comme la finance, par exemple, les agissements des uns et des autres se rejoignent : chercher à accumuler en peu de temps un maximum de richesses, sans anticipation à long terme, est un comportement  que l’on retrouve aussi bien chez les délinquants que chez les traders. D’autant que les produits financiers constituent une « cuve commune  » acceptant l’argent des uns comme des autres, la crise actuelle accentuant ce phénomène. Ces passerelles, désormais structurelles, créent un monde complexe et multiple et contribuent à l’entropie mettant en péril l’État de droit : le monde criminel n’est plus installé à la marge du système, mais bien en son cœur !

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Radio : émissions 2012, Rencontres, débats ...

Crise versus κρίσις ? Disgressions sur les ravages provoqués par une fiction savamment entretenue, avec Michel Koutouzis.

Écoutez l’émission du 30 janvier avec Michel Koutouzis

Historien et ethnologue , Michel Koutouzis est consultant auprès de la Commission et de l’ONU en matière de trafic de drogues et de blanchiment, auteur, documentariste et « penseur indépendant ». Durant cette conversation radiophonique il nous propose une vision agnostique de la notion de « crise financière » et dénonce les conséquences nuisibles au plus grand nombre et contre productives des mesures sensées « éviter la catastrophe ». Mais, à propos, de quelle catastrophe parle-t-on ? Une autre politique est elle possible ? Le courage et la sagesse politique ne serait-il pas de refuser le dogme de la dette ? Autant de questions auxquelles Michel Koutouzis apporte des éléments de réponse Lire la suite et partager »