Livres, Radio : émissions 2013

L’Algérie au prisme des mémoires conjuguées.

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retours en algerie

Akram Belkaïd est né à Alger, de mère tunisienne et de père algérien. Journaliste et essayiste, il vit et travaille à Paris depuis que, menacé en tant que journaliste durant la guerre civile, il a été contraint à l’exil, ce qu’il raconte dans Un regard Calme sur l’Algérie paru au éditions Le Seuil en 2005.

« Quitter son pays est toujours un échec » écrit-il dans Retours en Algérie, allusion à sa propre histoire, mais aussi à celle de ses compagnons de voyage : un groupe de lecteurs de l’hebdomadaire La vie, Pieds-noirs pour certains, ancien appelés ayant fait la guerre d’Algérie pour d’autres, qui ont souhaité confronter leurs souvenirs à la réalité de l’Algérie contemporaine. Invité par son ami éditeur Jean-Claude Guillebaud, à accompagner le groupe, Akram Belkaid, après quelques moments d’hésitation, décide de se lancer das l’aventure.

Dans Retours en Algérie, il raconte ce périple intime et conflictuel, entre Tlemcen, Oran et l’Algérois (Cherchell, Tipasa, Tibhirine, Alger…), au cœur de l’Algérie d’aujourd’hui : jeune, déglinguée, corrompue, attachante.

Le style est vif et précis, le contenu est didactique et sensible. L’auteur réussit à nous faire à la fois sentir comprendre, la blessure à vif que constitue, même des décennies plus tard, l’exil. Au fil des pages, on réalise que, même s’il est « chez lui » à Paris, l’Algérie reste son pays, dont il se sent « responsable », d’où sa prévention et son attention toute particulière vis à vis des  « pèlerins » qui l’accompagnent. D’où, aussi, sa colère face à la corruption endémique de l’Etat. Mais Akram Belkaid, en décrivant l’incroyable accaparement des richesse par la caste au pouvoir en Algérie, n’oublie pas d’insister sur ces l’existence de ces richesses, et sur l’incroyable potentiel du pays.

Insensiblement, au détour d’une anecdote ou d’un description, le lecteur saisi le sens réel de « l’indépendance », c’est à dire la capacité d’inventer, pour soi un mode de vie et de pensée sensiblement différent de celui imposé, en son temps, par le colonisateur. Un rapport au symbole et au sacré, parfaitement compatible avec une forme de réalisme, poétique, qui échappe aux grilles de la pensée occidentale mais avec laquelle de nombreux ponts sont possibles.  Lire la suite et partager »