Radio : émissions 2012

Qui a peur de Thérèse Clerc ?

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Thérèse Clerc n’est pas une vieille comme les autres. D’ailleurs à 85 ans cette Montreuilloise belle et rebelle,militante féministe de longue date, est bien plus jeune et vive que bien des trentenaires. C’est elle qui a imaginé et porte depuis plus de 13 ans un projet original de maison de retraite  autogérée, réservée aux femmes, pour permettre aux résidentes d’apprendre à vieillir ensemble, en se préservant de la dépendance physique et intellectuelle. La Maison des Babayagas ouvrira en octobre prochain au cœur de la ville de Montreuil. « La Baba Yaga est une sorcière mi blanche mi noire de la mythologie slave. J’ai trouvé que ce nom nous conviendrait bien, même si l’on ne croquera pas les enfants, plaisante Thérèse.  Cette demeure sera un lieu de vie pour vieilles qui veulent rester bien vivantes jusqu’à la mort ». Au total, 21 résidentes qui souhaitent vivre leur vieillesse dans un endroit chaleureux et solidaire, loin de la solitude qui constitue le lot commun de bien des personnes âgées dans notre société, emménageront dans la Maison au mois d’octobre prochain. « Chacune aura son appartement, dont le loyer oscillera entre 205 et 400 euros. Nous disposerons, en bas de l’immeuble, d’un espace de 120 mètres carrés pour organiser les universités populaires ». Il n’y a pas d’âge pour apprendre et exercer son intellect.  Thérèse Clerc qui souhaite mettre en place des débats, avec des intervenants que les résidentes choisiront ensemble, sur des thèmes comme la vieillesse, la mort, mais aussi la décroissance ou d’autres sujets de société. D’autres collectifs de la ville seront également invités, pour échanger les connaissances et les expériences. Bonne vivante, elle prévoit déjà des repas et des apéros de quartiers, en accord avec la devise de la Maison, visible sur le site la Maison des Babayagas : « vieillir vieux c’est bien, mais vieillir bien c’est mieux ». Les quatre piliers sur lesquels reposera la maison sont la solidarité, la citoyenneté, l’écologie et l’autogestion. En s’installant, toutes les résidentes s’engagent à participer collectivement à la vie de la maison et à l’organisation des universités populaires. Le travail collectif a d’ailleurs déjà bien commencé. Si Thérèse Clerc porte une grande part du projet, elle est fortement épaulée par ses compagnes : « certaines sont douées en informatique, d’autres portées sur le juridique. Moi je suis celle qui répand la bonne nouvelle des Babayagas ». La Maison n’accueillera que des femmes. « En tant que féministe, j’estime que la non mixité est plus propice à l’expression et à l’épanouissement des femmes », justifie-t-elle. Hélas, à ce jour, le nom de Thérèse n’est pas ne compte pas parmi ceux des futurs locataires. En effet la Mairie de Montreuil, lui refuse l’accès à ce logement « social », tant qu’elle reste propriétaire de son petit logement … Un appartement dans lequel elle vit depuis plusieurs décennies et qu’elle tient à conserver « au cas où la vie en communauté me pèserait trop, à la longue ». Plusieurs demandes de dérogation ont été envoyées… Avec toujours la même réponse négative. L’initiatrice du projet ne pourra vivre dans l’établissement pour lequel elle se bat depuis 13 ans ! Lire la suite et partager »