Les questions d'Antoine Tricot, Radio : émissions 2013

Les questions d’Antoine : #01 Peut-on juger de la démocratie à l’aune de la liberté de la presse ? Éléments de réponse(s) à travers l’exemple d’El Watan en Algérie.

Téléchargez la chronique l’Antoine Tricot du 22 juillet

Écoutez la chronique l’Antoine Tricot du 22 juillet

el watan_okPar Antoine Tricot :

« Nous allons parler de l’Algérie, de liberté d’expression et de dictature. J’avais envie de parler de l’Algérie pas pour une quelconque commémoration, comme on a l’habitude de le faire, mais juste parce que nous n’en savons presque rien. À peine se souvient-on que la guerre d’Algérie s’est terminée en 1962, que le pays a subit une guerre civile dans les années 1990 et qu’il est aujourd’hui gouverné par Abdelaziz Bouteflika.

C’est aussi l’occasion de parler, un peu, de propagande en essayant d’aller un peu plus loin que les poncifs qu’on a l’habitude d’entendre…

Tout est parti d’un tweet de Pierre Haski, le directeur du site Internet d’information rue89, qui, le 29 juin dernier, envoyait une photo de la Une d’El-Watan, un journal francophone algérien, titrant alors « Comment le pouvoir étouffe les droits de l’homme ». Pierre Haski accompagnait alors cette photo de cette exclamation: « On ne peut pas dire que la presse algérienne soit muselée !»

Et effectivement. À lire l’article qui accompagne cette Une d’El Watan, on n’a pas l’impression que la presse soit à la botte du pouvoir en Algérie. Le journaliste fait un vif compte rendu du dernier rapport du Collectif des familles de disparus en Algérie rendu à Paris, à la fin du mois de juin. Comme le rapporte El Watan, le document de 149 pages fait une description exhaustive des violations des droits de l’homme en Algérie ces dernières années. il souligne notamment les dysfonctionnements du système judiciaire, le renforcement des lois coercitives en juillet 2012 et la régression générale des libertés fondamentales. L’article évoque même des cas de tortures dans les commissariats du sud du pays. Lire la suite et partager »

Les questions d'Antoine Tricot, Radio : émissions 2013

Les questions d’Antoine : les musiques électroniques peuvent-elles avoir une portée politique ?

Téléchargez la chronique l’Antoine Tricot du 29 juillet

Écoutez la chronique l’Antoine Tricot du 29 juillet

07-2012-Variables-Release-Party-@-Ressort-Berlin_6Cette semaine, j’ai choisi de me demander si la musique électronique ou plutôt, les musiques électroniques peuvent être engagées politiquement ?

Tout d’abord, je veux qu’ il n’y aura pas dans cette chronique d’analyse acoustique, psychologique, métaphysique ou artistique de la musique électro. J’en serai bien incapable. Je me bornerai à me poser la question sur le plan sociologique et historique.

L’électro me semble être vraiment la musique de notre temps. La diversité de sa production à l’échelle mondiale est impressionnante actuellement. Mais elle reste méconnue dans le grand public et le plus souvent elle y est associée à de nombreux clichés et préjugés.

Pour beaucoup, la musique électronique se résume à un » boum boum » que certains jeunes écoutent dans les boîtes de nuit. Pourtant, la définition de la musique électronique recouvre une réalité très large et très complexe. Toute musique obtenue par la manipulation d’instruments numériques et de machines informatiques est considérée comme musique électronique. Ce qui est tout de même très vaste. À l’intérieur de cette définition des dizaines de styles se sont développés comme par exemple la « techno », la « deep techno », la « house », la « deep house », le « trip hop », la « trance », le « hardcore », l’« electronica » mais aussi le « ragga jungle », le « drum & bass », le « dub step », le « nu disco », l’ « ambient », l’ « experimental » et bien sûr la « minimale ». Et encore je n’en cite que quelques uns !

Je vous rassure, même quand on est amateur de musique électronique, il est parfois bien difficile de s’y retrouver dans ces catégories qui évoluent au fil du temps. Les différences de tous ces styles dépendent beaucoup de la rapidité du rythme, de la place accordée à la voix, ou de la profondeur des basses. Mais presque chaque type correspond à une technique musicale précise et a sa petite histoire. Par exemple la drum & bass correspond à une boucle de funk, une phrase musicales tirée d’un morceau de funk, lue à l’envers sur une platine vinyle et accélérée autour de 170 pulsations par minutes…

La raison qui m’a poussé à me demander si les musiques électroniques pouvaient avoir une portée politique est donc, en priorité, que je voulais profiter de cette chronique pour rendre justice à la créativité et à la diversité des musiciens d’électro. C’était aussi un peu par provocation. Dans les années 1960, le rock était associé au fantasme d’une jeunesse bonne à rien et décadente.

De la même façon aujourd’hui, on représente souvent la jeunesse actuelle comme dépolitisée et l’image des jeunes, qui vont faire la fête, dans les boites de nuit, juste pour danser sur cette musique de sauvage qu’est l’électro, dans le simple but d’oublier le stress du boulot, et de leur vie quotidienne en s’enivrant jusqu’à plus soif, correspond bien à ce cliché. Dans ce cadre l’électro serait un défouloir, le contraire donc d’un acte politique.

Il y a du vrai dans cette image, mais comme d’habitude les choses sont un peu plus complexes dans la réalité que dans les imaginaires. On peut aller en club juste pour écouter un artiste particulier, comme on va à l’opéra pour écouter une pièce particulière dirigée par tel ou tel chef d’orchestre.

Et de la même façon que le chœur des esclaves dans l’opéra Nabucco de Verdi est devenu un hymne à la liberté qui fait vibrer le cœur de bon nombre d’italiens, on peut imagine qu’une composition de musique électronique puisse avoir une véritable portée politique. Lire la suite et partager »