Films, Radio : émissions 2015

Said Bahij et sa bande réveillent nos consciences politiques

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ils l'ont faitAvec « Ils l’ont fait », ce nouveau long métrage qui ne renie rien de la verve et de la poésie doublés d’un sens de l’observation implacable, qui avaient fait le succès des Héritiers du silence, leur précédent film, les chebabs du Val-Fourré nous offre une fable dont il tient à chacun qu’elle devienne réalité.

L’histoire se passe à Mantes la jolie, (Pourquoi « la jolie »… Saïd le raconte dans l’émission !) où une des habitants du Val Fourré, n’en pouvant plus d’être considérés comme tous les « sous citoyens » par le potentat local, décide de conquérir la mairie… « Un braquage électoral » en (presque) toute légalité dont on suit les rebondissements et espère la réussite tout au long du film aussi drôle qu’haletant.

Les acteurs sont bourrés de talent … pas facile d’interpréter des situations et des personnages si proches de la réalité tout en y mettant la bonne distance : leur performance entre caricature et autodérision, émotion et action fait que le pari d’un film profond et où l’on ne s’ennuie pas une seconde est réussi ! Venus d’horizons différents les interprètes , à l’image de Melissa Baretto, comédienne de théâtre classique qui s’est mise dans la peau d’une geek aux précieux talents de hackeuse, ont donné toute leur énergie pour ce projet …   Ils l’ont fait, et bien fait. Lire la suite et partager »

Films, radio : émissions 2011

Lors de sa 33e édition le festival des 3 continents consacre Saudade, la vision décapante d’un Japon méconnu

Écoutez l’émission du 28 novembre avec Katsuya Tomita, B6K et DJ Spark ainsi qu’une chronique de Guy Autret

Émission réalisée lors du festival des 3 continents avec Katsuya Tomita, dont le film Saudade a remporté le grand prix, ainsi que les musiciens nantais B6K et DJ Sparkqui sont allés voir le film. Sur le plateau de cette dernière émission coproduite par les radios de l’EPRA lors du 33e festival des 3 continents à Nantes, le jeune réalisateur indépendant japonais  parle de son film,  qui dresse un portrait atypique de son pays. Ce long métrage auto-produit évoque le sous prolétariat japonais, les questions identitaires, les tensions liées à l’immigration et l’éclosion du rap et du hip hop comme symptôme d’un malaise social. Également aux micros, le rappeur B6K, et le DJ Spark, deux Nantais, échangent avec le cinéaste à propos du rôle de la musique, notamment quand les populations opprimées d’en emparent.

Saudade n’est pas un film parfait. Certaines scènes paraissent mal terminées, certains plans brouillons, quelques travellings vacillants et la colorimétrie discutable. En dehors de ces (rares) faiblesses de forme, Saudade est un film juste, à la narration irréprochable. Mais sa vraie force, ce qui en fait une œuvre admirable, c’est bien son fond cohérent et sans compromis. Au Japon, une poignée de jeunes hommes, tiraillés entre travail, passions, opinions, rêves… voilà le cœur de Saudade. Jamais à l’aise, jamais confortables, toujours dans cette attente mélancolique d’un “ailleurs, autrement” qui n’est exprimée convenablement que par ce terme portugais, saudade. À part peut-être Hosaka, revenu d’un brumeux passé thaïlandais, aucun personnage principal ne semble être dans son élément ici, à Kofu. D’autres personnages sont brésiliens ou philippins, soumis à un racisme latent qui s’infiltre dans le quotidien. Beaucoup craignent ou haïssent l’autre, qu’il soit immigré ou japonais. Tous sont oppressés par la tension ambiante de la récession et par le malaise croissant d’un sentiment de fin imminente. Dire que le cinéma japonais est cyclique relève de l’évidence : dans un pays victime d’une catastrophe naturelle à peu près tous les demi-siècles, l’art résonne des échos d’une tragédie, qu’elle soit déjà arrivée ou à venir, et est nécessairement influencé par cette fatalité. Mais Saudade n’est pas un film fataliste, au sens où il raconte les derniers instants avant la “fin”, avant le désespoir. À Kofu, l’expression “peace and love” est une lubie de Tokyoite drogué. Les immigrés brésiliens à qui l’on avait promis « dix fois leur salaire » fuient un à un le pays. Le chômage fait irruption brusquement quand un patron prend sa retraite. À tout point de vue, Saudade est le théâtre de la fin des illusions. Illusion, cette entreprise de construction déficitaire dans un marché notoirement sous-traité. Illusion, l’utopie d’un « rêve japonais ». Illusion, la paix et l’amour . L’amour qui s’efface devant l’argent lorsque la maîtresse du brave Seiji refuse de retourner avec lui en Thaïlande. Illusion, le bonheur ostentatoire et factice d’une classe moyenne arriviste, gavée d’élixir miracle. Écrasées sous la pression, les âmes cèdent et la raison marque le pas. Yurihiko, le suiveur influençable d’un groupe de rap identitaire d’extrême-droite, incarne l’éloge de la folie et contamine Takeru, un personnage d’une justesse étourdissante. Hésitant entre rappeur haineux et jeune homme perdu en pleine déroute familiale, Takeru finit par abandonner la raison en commettant l’impensable. Tout est montré dans le mécanisme de violence identitaire. Lire la suite et partager »

Films, Radio : émissions 2010

A côté, ou comment l’amour passe (ou pas) les murs de la prison!

Ecoutez l’émission du 26 janvier 2010_deuxième partie

a_coteA l’occasion de la sortie en DVD (éditions Montparnasse) de son film « A côté », entretien avec Stéphane Mercurio, la réalisatrice et Chantal Courtois, femme d’un homme détenu. Ce documentaire raconte la prison avec pudeur, sensibilité et dignité. Mieux sans doute, et s’en est troublant, que n’importe quelle incursion carcérale. Tant les vies arrêtées de celles qui attendent en disent long sur les mécanismes de déconstruction à l’œuvre en détention. « A côté » réussit un pari risqué : dire l’inhumain sans jouer avec l’émotion. Lire la suite et partager »