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Qualifiée de « panthère noire », « de fille indomptable » par son ami le guitariste Carlos Santana, Betty Davis, malgré une carrière météorique de 3 ans, marquera les esprits par un radicalisme musical et une sensualité rarement atteints dans le microcosme de la culture soul-funk des 70’s. Née Betty Mabry le 25 juillet 1945 à Durham en Caroline du nord, son enfance est marquée par la découverte du blues à travers Elmore James ou BB King. Quand elle a 12 ans, sa famille déménage pour Pittsburgh ou son père travaille comme contremaitre dans la sidérurgie. La jeune Betty atterrit à New York. Alors âgée de 16 ans, elle étudie à l’institut des techniques de la mode et gagne sa vie comme vendeuse et secrétaire, c’est alors qu’elle commence à écrire des chansons. Quelques temps après, elle commence le métier de mannequin et pose pour des magazines comme Seventeen ou Glamour, et de fil en aiguille, sa nouvelle profession et son intérêt pour la musique lui permettent de rencontrer Jimi Hendrix, Sly Stone et Miles Davis. Ce dernier, totalement subjugué par le charme de cette jeune femme de 23 ans, l’épouse en 1968.Mais le mariage ne dure qu’1 an et Miles demande le divorce en 1969.Selon les termes du trompettiste, Betty était trop jeune et trop sauvage pour lui. Néanmoins, les ex mariés restent en bon termes, et Miles dira plus tard que Betty eut une grande influence sur la suite de sa carrière en l’initiant au rock et au funk, ce qui aura pour conséquence le virage électrique amorcé par Davis dès 1968 avec les albums « In A Silent Way » et « Filles De Kilimandjaro ». Reprenant son métier de mannequin, et devenant l’un des premiers modèles noirs à défiler, Betty Davis songe de plus en plus à lancer sa carrière musicale.
En 1971, elle revient à New York, et aidée par son boyfriend de l’époque, le percussionniste Mike Carabello, propose quelques compositions au groupe Santana, mais le projet tombe à l’eau. Finalement, utilisant ses nombreuses connaissances dans le milieu musical, elle forme son groupe et enregistre pour le compte du label Just Sunshine, son premier album éponyme qui sortira en 1973. La crème des musiciens de la Côte Ouest (section cuivre de Tower Of Power, ex batteur et bassiste de Sly Stone, guitariste de Santana..) est présente sur ce disque à la tessiture sonore brûlante comme de la lave en fusion. Funk-rock décapant griffé par la voix de Betty qui miaule, éructe, vocifère ou caresse la mélodie, ce Lp est un uppercut musical dont l’auditeur ressort comme groggy. Les paroles sont à l’image de ce magma musical, sexuellement très explicites pour l’époque, ce qui vaut à Betty Davis de s’attirer les foudres des groupes religieux et du NAACP (association pour le progrès des gens de couleurs) qui ira jusqu’à déclarer que « Miss Davis représente une honte pour le peuple afro-américain ». Malheureusement trop rock pour les uns et trop funk pour les autres, l’album ne rencontrera pas le succès escompté. Il en sera de même pour les albums suivants « They Say I’m Different » et « Nasty Gal » sortis en1974 et 1975.
« Malheureusement trop rock pour les uns et trop funk pour les autres, l’album ne rencontrera pas le succès escompté. Il en sera de même pour les albums suivants »
Comment c’est possible ça ? Ces 3 albums sont de la pure dynamite …