Chroniques de Vincent Turban, Radio : émissions 2013

Catch a Fire, l’album-révélation de Bob Marley

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bob-marley-and-the-wailers-catch-a-fireDécembre 1971, après 10 ans de carrière en Jamaïque, les Wailers (Bob Marley, Peter Tosh et Bunny Wailer) sont persuadés que les années de galères sont derrières eux. A cette époque, ils tournent avec le chanteur de variétés Johnny Nash et la maison de disque CBS les prend en charge. Terrible désillusion car, le reggae reste une musique marginale et peu connue, et le succès espéré n’arrive pas, sauf pour Nash qui réussit à percer avec les compositions de Bob comme  Stir it up ou Guava Jelly. Sans passeports, fauchés et coincés à Londres, les Wailers décident de jouer leur dernière carte en sollicitant le patron des disques Island, Chris Blackwell par l’intermédiaire de l’attaché de presse Brent Clarke. Cette entrevue donna naissance au projet Catch A Fire, considéré comme le « premier album de reggae international ».

Jusque là, toute la carrière des Wailers avait été une suite d’arnaques et d’exploitation. Malgré la mauvaise réputation de rube boy des Wailers, allergiques à toute forme de contrat, Blackwell proposa au groupe une avance de 8000 Livres (somme considérée comme dérisoire de nos jours) pour rentrer en  Jamaïque et y enregistrer le disque pour le compte d’Island. Les sessions débutèrent au cours de l’année 1972 dans 3 studios différents. Pour compléter le line-up des cinq membres des Wailers, la crème des musiciens de Kingston fut employée. Ainsi Robbie Shakespeare (élève du bassiste Family Man) tint la basse sur « Stir It Up » et « Concrete Jungle »

Winston Wright et Tyrone Downie firent des interventions à l’orgue et au piano, les chœurs sur certains titres étaient chantés par Rita Marley et 2 amies choristes, Judy Mowatt et Marcia Griffith (les futures I-Threes).

A partir de cette  base rythmique, Marley emporte les bandes et part à Londres pour le mixage final et les overdubs sous la houlette de l’ingénieur Tony Platt et de Chris Blackwell. Pour toucher le public rock, des guitares rock furent ajoutées par le guitariste de Muscle Schoals Wayne Perkins sur Stir It Up, Concrete Jungle et Rock It Baby. Le texan John « Rabbit » Bundrick apposa des lignes de Clavinet et de synthé Moog sur la quasi-totalité des titres, Chris Karen joua des tablas indiens sur « Midnight Ravers ». Par rapport au mix jamaïcain le tempo est légèrement accéléré afin de ne pas déstabiliser le public rock avec le rythme lascif du reggae.

Sorti en Décembre 1972 en Angleterre et en Janvier 1973 aux Etats-Unis sous le nom de The Wailers (Blacwkwell présenta le trio vocal comme un groupe de rock noir), Catch A Fire est une dénonciation du système qui opprime le peuple, de l’esclavage et du colonialisme,malgré quelques moments légers et grivois.

Cet opus débuta par des ventes modestes ( 14 000 exemplaires la première année) et une absence de vraie promotion, mais sur le plan musical, c’est une évolution historique car il modifia la direction artistique de la musique reggae à tout jamais.

La version Deluxe sortie en 2001 propose la version non mixée de l’album, ce qui permet de découvrir les morceaux sans aucun overdub, avec en prime 2 inédits écartés du mix final ( la ballade High Tide Or Low Tide et le splendide All Day All Night). Deux ans après ce premier coup de maître, le succès est au rendez-vous et le nom de  Robert Nesta Marley sera connu dans le  monde entier.


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