Livres, Radio : émissions 2012

Économie : si la seule issue était Keynesienne ?

Écoutez l’émission du 12 mars avec Benjamin Coriat et Judith Bernard

Atterrés, certes, mais pas désespérés, ce collectif d’économistes hétérodoxes proposent des solutions « alternative » pour que l’emploi et la croissance se redressent. Chercheurs, universitaires et experts en économie, regroupés, avec d’autres citoyens non économistes, en une association créée le 22 février 2011, ils veulent impulser la réflexion collective et l’expression publique des économistes qui ne se résignent pas à la domination de l’orthodoxie néo-libérale. Leur action se traduit par des publications (notes, articles, communiqués, livres) et des interventions lors de réunions publiques et dans les médias afin de proposer des alternatives aux politiques d’austérité préconisées par les gouvernements actuels. À l’automne 2010, le Manifeste d’économistes atterrés, dans lequel ils faisaient une présentation critique de dix postulats qui continuent à inspirer chaque jour les décisions des pouvoirs publics partout en Europe, malgré les cinglants démentis apportés par la crise financière et ses suites, et  auxquels ils opposaient vingt-deux contre-propositions avait eu un certain écho médiatique et citoyen, mais pas au point infléchir les politiques  économiques française et européenne.

Dans l’ouvrage « Changer d’économie », coordonné par Benjamin Coriat, les auteurs  démontrent  que, contrairement à une idée (largement et massivement) reçue, la crise n’est pas la conséquence de dépenses publiques liées à une politique sociale trop dispendieuse. Cette affirmation est une mystification. Ne nous trompons pas de crise. La dette est intégralement provoquée par la spéculation financière. « C’est le coût de la crise financière qui nous a mis dedans. Il est donc aberrant de taper sur les politiques sociales. Cette folie sur les cures d’austérité ne va pas nous faire sortir du trou. En 2011, les entreprises du Cac 40 ont distribué 37 milliards d’euros sous forme de dividende. En regard, le coût de la dette publique est de 45 à 48 milliards d’euros. ”, affirment entre autres Benjamain Coriat et Fréderic Lordon, ce dernier a même utilisé  une forme particulière, et inattendue, celle de l’alexandrin, dans sa pièce « D’un retournement l’autre : Comédie sérieuse sur la crise financière » pour mettre en scène la crise de la finance mondiale. De ce texte Judith Bernard et la compagnie ADA théatre se sont emparé. Adaptée, mise en scène, en chansons et en musique, la pièce est actuellement jouée au Théâtre Montmartre Galabru, à Paris, et sera reprise cet été lors du festival d’Avignon.

Le rideau s’ouvre : Messieurs les Banquiers, son Altesse le président de la République française, Monsieur le Premier ministre, Monsieur le Gouverneur de la Banque centrale et le petit peuple des conseillers de la Cour. La pièce peut commencer : lessivés par la crise des désormais célèbres « subpraïmes » (sic), les Banquiers s’apprêtent à sonner à la porte de l’État pour lui demander de mettre la main au porte-monnaie… avant que le résultat de leurs acrobaties ne fasse exploser les dettes publiques et conduise à la rigueur pour tous ? pour tous les autres qu’eux.

C’est une forme particulière, et inattendue, celle de l’alexandrin, qui est ici convoquée pour mettre en scène la crise de la finance mondiale. Peut-être en effet fallait-il l’ambivalence d’un vers qui convient à la tragédie aussi qu’à la comédie pour saisir et la déconfiture d’un système aux abois et l’acharnement bouffon de ses représentants à le maintenir envers et contre tout.

Mais ce que ces « élites » aveuglées par leur domination, et déjà disqualifiées par l’Histoire, ne voient plus c’est qu’un retournement peut en cacher un autre. Et celui des marchés annoncer celui du peuple.

 

 

 


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