Emissions en partenariat avec la revue "Hommes et Migrations", radio : émissions 2011

Entre mémoire et histoire, que reste-t-il des massacres du 17 octobre 1961 ?

Écoutez l’émission du 3 octobre avec Marie Poinsot, Daniel Kupferstein, Kleifa Mouterfi, Linda Amiri et Emmanuel Blanchard

Dans les années 60, l’immigration algérienne, fait unique dans le contexte l’histoire des décolonisations, s’intensifie vers la métropole au moment même où la nation algérienne est en guerre pour son indépendance. Les immigrés algériens, mobilisés par le MNA et le FLN, vont jouer un rôle important dans cette lutte indépendantiste. Ce paradoxe entre l’exil sur le territoire de la puissance coloniale et cet activisme politique « à distance » imprime les relations entre les immigrés algériens et la société française, comme une sorte d’héritage qui se transmet de générations en générations via les représentations stéréotypées, les discours et les pratiques discriminatoires envers des personnes d’origine algérienne.

Quelles raisons poussent des Algériens à venir en métropole en pleine guerre ? Quelles furent les pratiques répressives, arrestation, expulsion, torture ou contrôle policier, mis en place par les pouvoirs publics en métropole pour limiter l’engagement des immigrés ? Pourquoi la manifestation du 17 octobre 1961 des immigrés algériens protestant contre le couvre feu symbolise leur situation paradoxale ? Que représente-t-elle pour les Algériens installés à Paris à cette époque et ceux qui ne l’ont pas vécu ? Pourquoi la mémoire de cette histoire douloureuse est-elle restée si longtemps taboue, cachée ? « L’oubli et la gangrène » comme le soulignait l’historien Benjamin Stora peuvent-ils être enfin dépassés par un travail actif sur la mémoire et l’histoire dans la société française ?

A la veille des manifestations qui vont marquer les cinquante ans du 17 octobre 1961, puis de l’indépendance algérienne, Linda Amiri, spécialiste de l’histoire de la fédération du FLN en métropole, Emmanuel Blanchard, historien spécialiste, notamment, de l’histoire de la police en situation coloniale et auteur de l’ouvrage : La police parisienne et les Algériens (1944-1962) aux éditions du Nouveau Monde, Daniel Kupferstein, réalisateur, auteur de deux films sur cette période, 17 octobre 1961, Dissimulation d’un massacre et celui sur le 8 février 1962 Mourir à Charonne, pourquoi ? et Khelifa Mouterfi, un témoin qui a vécu ces évènements reviennent sur cet épisode tragique de l’histoire de l’immigration en France au cours de cette émission réalisée en partenariat avec la revue Hommes et Migration dirigée par Marie Poinsot.

Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre feu discriminatoire qui leur avait été imposé par Maurice Papon, Préfet de police de Paris. Ils défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police. Cinquante ans après, la Vérité est en marche. Cependant, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées, – en particulier la Guerre d’Algérie- non plus que dans le cortège de drames et d’horreurs qu’elle a entraînés ou dans ce crime d’Etat que constitue le 17 octobre 1961. Plus d’un demi siècle après cette tragédie, la reconnaissance officielle du crime commis par l’Etat français les 17 et 18 octobre 1961 n’est pas encore d’actualité,  la liberté d’accès aux archives pour tous, historiens et citoyens n’est pas effective et le développement de la recherche historique sur ces questions dans un cadre franco-algérien et international n’est pas facilité !


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