Téléchargez l’émission du 24 juin avec Hacène Belmessous
Écoutez l’émission du 24 juin avec Hacène Belmessous
Le nouvel ouvrage d’Hacène Belmessous, intitulé Sur la corde raide, le feu de la révolte couve toujours en banlieue (éditions le Bord de l’eau), est le fruit d’une enquête de terrain menée par le sociologue dans deux quartiers de l’agglomération parisienne : la cité Balzac à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) et la Grande Borne à Grigny (Essonne). Après avoir interrogé les habitants, les travailleurs sociaux, les bailleurs , les représentants des services publics et les élus, Hacène Belmessous fait un constat alarmant : ceux qui vivent ici sont des « oubliés de la démocratie »
Depuis les « émeutes urbaines » de l’automne 2005, l’esprit égalitaire républicain a cédé devant ce que les artificiers du « démon des origines » appellent « l’épreuve des faits ». Pour eux, la culture primitive des individus et notre incapacité à « ouvrir grand les yeux » sur ce qui se passent réellement dans ces « cités » expliqueraient le « problème des banlieues ». Ainsi donc, ces « jeunes » sont les responsables de leur sous-condition.
Cette convergence entre « le problème des banlieues » et les pratiques culturelles de ces habitants d’origine extra-européenne, longtemps développée par le Front national, a atomisé les clivages politiques, s’incarnant même dans le discours scientifique. Évidemment partiale, cette explication des événements confond sciemment ghettos de pauvres et ghettos d’immigrés.
L’auteur montre que ces révoltes de 2005 cherchaient à ébranler le processus dé-démocratique qui rongent ces quartiers. Elles ont échoué. De sorte qu’on y observe aujourd’hui toujours plus de rancœur, toujours plus de désillusion. Mais croire que ces personnes accepteront longtemps de n’être réduits qu’à un destin de second zone, c’est se leurrer. Beaucoup ont déclaré assumer tous les risques, celui de la radicalité inclus. Les braises de la révolte sont encore chaudes…