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Le scénario de l’expulsion illégale d’un collectif rue de Saintonge …

EXPULSION ILLEGALE EN PLEINE TREVE DES CONFISEURS
Vendredi 18 décembre 2009, 18h, -4°C.
C’est au théâtre Directoire, situé en plein coeur du marais, qu’a été présenté vendredi dernier, un bien sombre spectacle.
Ce bâtiment, classé monument historique depuis 1972, aurait été un des premiers théâtres Elizabethain de Paris. un espace de 1300m2 en plein coeur du Marais. Le bâtiment est classé monument historique. Il est inoccupé depuis une dizaine d’années. Cet espace appartient à un riche photographe Canadien de grande renommée, M. Gregory Colbert.
Un collectif, constitué d’étudiants, de jeunes travailleurs et d’artistes sans logement, avait décidé de redonner vie à ce théâtre abandonné en y aménageant des ateliers d’artistes et des logements. L’idée étant d’offrir au quartier du Marais un nouvel espace d’échanges, de rencontres, de création et d’expression. Peu avant les exactions des forces de l’ordre, le propriétaire, en Namibie, est entré en contact avec le collectif. Il leur a stipulé qu’il ne passerait pas la journée de vendredi.
Effectivement, le soir même, alors qu’il faisait 4 degré au dessous de zéro, la police a  procédé à l’évacuation manu militari des occupants, artistes et étudiants sans logement, au mépris de toute décision de justice et sans aucun fondement juridique. Etablissant un périmètre de sécurité tout autour du site, et refusant tout dialogue avec les élus de l’arrondissement, l’avocat, les associations et les journalistes, le commissaire du 3ème arrondissement a montré sa détermination à ne pas respecter la loi.
Aucune explication ne sera donnée aux occupants du 6, rue de Saintonge sur les raisons de leur éviction. Les doutes subsistent : le propriétaire serait-il très influent ? La préfecture abuserait-elle de son pouvoir ? Quoi qu’il en soit, la loi n’a pas été respectée.
Le collectif dispose de pièces administratives justifiant sa présence dans les locaux depuis près d’un mois. Il souhaite aujourd’hui informé la presse et le grand public de cet abus de pouvoir opéré par la Préfecture de Police de Paris. Des explications vont être demandées au Préfet et à son directeur de cabinet afin de déterminer quel est le fondement juridique de l’expulsion. Si aucune explication valable n’est fournie, le collectif formera une action en justice.
En attendant, une semaine avant Noël, une dizaine d’artistes et d’étudiants se retrouve de nouveau en situation d’errance.

Carnet de bord de l’occupation du 6 rue de Saintonge Paris 3ème

21 novembre 2009:

Première entrée dans le Théâtre. Evaluation, état des lieux. Mise en place du projet. le bâtiment contient du matériel importé et des oeuvres d’art. L’ensemble est installé sous bâches. Nous décidons de ne pas les toucher, de les sécuriser afin de les rendre dans leur intégralité dès que le propriétaire le souhaitera.

23 novembre 2009

Visite de la mission Squat de Médecins du Monde qui a pour but de vérifier la sécurité des personnes et les conditions sanitaires des occupations.

8 décembre 2009 :
Installation: à partir de là, nous n’avons plus quitté les lieux. Nous vivions au rez-dechaussée du bâtiment de cinq étages avec eau, chauffage, électricité, cuisine, chambre. Nous vivions à 12, 24/24h.

17 décembre 2009 :
Dès 7 heures du matin :  investissement du premier étage (les prémices). En fin de matinée, des amis du propriétaire frappent à la porte. Nous entamons cordialement le dialogue.
15H30 : l’avocat du propriétaire, informé de notre présence, nous invite à quitter les lieux sans procédure. Nous lui répondons que nous allons en discuter tous ensemble.
17H30 : le propriétaire, (un photographe Canadien de renom, auteur du projet Ashes and Snow: www.ashesanssnow.org), M. Grégory COLBERT, nous appelle à son tour. Il est en Namibie et souhaite que nous quittions immédiatement les lieux. Il argue que notre cause lui semble juste mais que ce bâtiment est destiné à défendre la cause de l’écologie.
Il souhaite que nous quittions les lieux de toute urgence (il précise : « je ne veux pas que vous ayez d’ennuis »). Nous décidons collectivement de rester, compte tenu de l’état de
nécessité. Le délai de flagrance ayant largement été dépassé, nous pouvons et souhaitons entrés en procédure judiciaire. Notons que le propriétaire et la police n’ont aucun droit d’expulser sans procédure
18H00 : deux policiers se présentent à la porte. Un lieutenant (officier de police et son adjoint). Ils souhaitent rentrer pour procéder à un état des lieux du matériel et vérifier qu’aucune dégradation ou vol n’a été commis. Aucun préjudice n’est retenu. Ils acceptent les preuves de notre présence et de notre domiciliation dans les lieux(conformément à la législation.)
La soirée se déroule normalement. Nous allons nous coucher.
1H00 du matin : des coups à la porte nous réveillent. Nous constatons, de la fenêtre, que trois voitures de police et sept policiers en uniforme sont devant l’immeuble. Ils souhaitent rentrer pour obtenir des informations complémentaires. Un membre du collectif sort, et répond à leur question : les mêmes que celles posées lors de leur précédente visite. Les policiers nous informent que : « le préfet n’apprécie pas cette occupation. Attendez-vous à partir bientôt. »
Cette visite nous alerte.

18 décembre 2009 :
Nous nous levons à 6h00 du matin, craignant une intervention très matinale des forces de police.
10H00 : Deux officiers de police, un capitaine et un lieutenant en civil, membre du SARIJ (service d’accueil, de recherche et d’investigation judiciaire) du 3ème arrondissement
frappent à la porte et nous demandent des informations complémentaires. Ils nous précisent qu’une procédure judiciaire va être ouverte.
En début d’après midi : nouveaux coups à la porte. Deux personnes se présentent. Nous leur parlons de la fenêtre. Ce sont en fait des membres de la BIVP (bureau d’information de la voie publique de la préfecture de police de Paris), ils nous
demandent depuis combien de temps nous somme là et combien nous sommes.
18H00 : deux membres du collectif partent rencontrer une journaliste de Libération, situé à quelques rues. A leur retour, la rue est barrée par une voiture de police. La rue de Saintonge est en fait peuplée de policiers en civils. Les deux membres du collectif appellent des élus, des journalistes, et leur avocat. Celui-ci souhaite immédiatement parler du risque de voie de fait au commissaire du 3ème arrondissement. Il refuse et répond : « je m’en fous de votre avocat. » Il ordonne ensuite de placer les deux membres du collectif en garde à vue. L’un d’entre eux ayant une carte de presse sera simplement emmené à l’extérieur du périmètre de sécurité. L’autre, conduit au commissariat du
3ème arrondissement, sera immédiatement placé en garde à vue (elle durera 15 heures). L’avocat pourra s’entretenir avec le gardé à vue mais ne pourra assister aux auditions (dixit la jurisprudence de la CEDH). La rue de Saintonge est entièrement
bloquée. L’avocat, l’élu (l’adjoint au logement du 3ème arrondissement), quelques politiques (Verts), des membres de l’association Médecins du Monde, entre temps arrivés, ne peuvent pénétrer dans le périmètre de sécurité. Tous interrogent la police : « sur quels fondements juridiques agissez vous ? » Ils n’obtiendront, l’avocat compris, aucune réponse. Les policiers (en civil, en uniforme et des groupes d’intervention armés) sont de plus en plus nombreux, une soixantaine. Une voisine, terrifiée, demande s’il y a eu un meurtre. Une autre, en larmes, s’indigne du traitement infligé à ces jeunes.
Les forces d’intervention mettent vingt minutes à détruire la porte. Ils conduisent au commissariat les vingt personnes présentent dans les lieux, ainsi que la réalisatrice qui a
filmé, de l’intérieur, l’ensemble de l’opération. Tous seront auditionnés, puis relâchés après une discussion entre l’avocat et l’OPJ de permanence. Ils n’ont, à ce jour, pas encore récupéré leurs affaires. Notons que beaucoup sont sans logement.



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