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Les prix Pinocchio : une occasion d’ouvrir les yeux sur les pratiques des entreprises qui nous gouvernent !

Écoutez l’émission du 14 novembre avec Romain Porcheron

Les prix Pinocchio du développement durable, organisés par l’association les Amis de la Terre, ont pour but d’illustrer et de dénoncer les impacts négatifs de certaines entreprises françaises, en totale contradiction avec le concept de développement durable qu’elles utilisent abondamment. Afin de dénoncer publiquement ce décalage entre les « beaux discours » d’un côté, et la réalité des actes des entreprises de l’autre, les Amis de la Terre décerneront trois prix Pinocchio , en référence naturellement à la fameuse marionnette en bois et à sa très personnelle conception de la vérité :

– Catégorie « Plus vert que vert » : prix décerné à l’entreprise ayant mené la campagne de communication la plus abusive et trompeuse au regard de ses activités réelles.

– Catégorie « Une pour tous, tout pour moi ! » : prix décerné à l’entreprise ayant mené la politique la plus agressive en terme d’appropriation et de surexploitation des ressources naturelles.

– Catégorie « Mains sales, poches pleines » : prix décerné à l’entreprise ayant mené la politique la plus aboutie en terme d’opacité et de lobbying.

Les Amis de la Terre en partenariat avec le CRID ont décerné les 4ème Prix Pinocchio du développement durable le 17 novembre 2011 à Mains d’Oeuvre, 1 rue Charles Garnier, St Ouen, dans le cadre de la Semaine de la solidarité internationale et de la campagne Une seule planète. Cette année près de 13 000 internautes se sont exprimés pour élire les lauréats parmi les entreprises nominées:

Vinci a reçu le prix « Plus vert que vert » avec 43 % des votes pour ses efforts de « verdissement » du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). Afin de compenser la destruction massive de terres agricoles, Vinci se contente de créer un observatoire agricole, une ferme de démonstration en face des parkings et une AMAP afin d’ « encourager l’agriculture durable ».

Tereos est récompensé dans la catégorie « Une pour tous, tout pour moi ! » avec 41 % des votes. L’entreprise française implantée au Mozambique a été plébiscitée pour sa production d’agrocarburants. Tereos détient en effet près de 100 000 hectares de terres cultivables qu’elle transforme en monocultures énergétiques, confisquant ainsi des terres agricoles fertiles aux populations locales. Alors que Tereos réalise 194 millions d’euros de profit, 70 % de la population du Mozambique continue de vivre sous le seuil de pauvreté.

Enfin, avec 45 % des votes, la Société Générale est récompensée dans la catégorie « Mais sales, poches pleines », pour son rôle de premier ordre dans le financement de la construction du réacteur nucléaire Angra 3 au Brésil, mené par Areva et très éloigné des conditions de sécurité du secteur.

Depuis l’émergence au niveau international du concept de « Responsabilité sociale et environnementale des entreprises » (RSEE), notamment lors du Sommet pour la Terre de Johannesburg en 2002, ce sont les approches basées sur le volontariat qui prédominent : Pacte mondial des Nations unies, principes d’Equateur des banques, principes directeur de l’OCDE, chartes éthiques, etc. Autant d’engagements juridiquement non-contraignants, et de ce fait inefficaces : tandis que les entreprises bénéficient de retombées positives en termes d’image auprès de leurs actionnaires, de leurs clients et des citoyens, elles ne s’engagent en contrepartie que sur des grands principes généraux peu opérationnels, et ne sont pas redevables de leurs actes en cas de non-respect de ces approches volontaires. Bien que soutenues au plus haut niveau par des pouvoirs publics qui privilégient souvent la compétitivité des multinationales aux droits de l’Homme et à la protection de l’environnement), ces approches volontaires ont aujourd’hui largement prouvé leur inefficacité. Au niveau international, les multinationales profitent de vides législatifs pour mener leurs activités au détriment du respect des droits sociaux, sociétaux, ou de l’environnement dans les pays du Sud. Des élus et de nombreux acteurs de la société civile, dont les Amis de la Terre, réclament désormais la mise en place d’un cadre juridique contraignant au niveau international, afin d’obliger les entreprises à assumer leurs responsabilités. La mise en place d’un cadre plus strict au niveau communautaire européen, et en France, est déjà une étape intermédiaire nécessaire.


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