Livres, Radio : émissions 2013

Les riches : la vraie classe dangereuse !

Téléchargez l’émission du 25 novembre avec Michel Pinçon
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Avec La violence des riches, chronique d’une immense casse sociale (ed. La découverte), les inséparables sociologues Monique Pinçon Charlot et Michel Pinçon poursuivent leurs investigations à propos de la classe dominante. Après avoir notamment identifié leurs territoires, disséqué leurs modes de vie et mis au jour leurs réseaux au cœur du pouvoir économique et politique dans leurs précédents ouvrages, les auteurs s’attellent cette fois à la description des mécanismes de domination et d’accaparement des riches.

Ils décrivent avec précision la mise en place, à partir de 1983, par le gouvernement Mitterrand,  d’un véritable système permettant la privatisation des biens communs et le triomphe de l’idéologie néolibérale. Trois décennie plus tard, après qu’à la tête de l’Etat se soient succédé,  les hommes qui même affichaient des couleurs politiques et des discours différents, on ne peut que constater qu’ils ont tous poursuivi la même politique, au service des même intérêts : ceux de leur caste, celle des riches ! A ce propos Monique et Michel déterrent pour nous un livre édifiant, co ecrit (sous pseudo) par François Hollande et intitulé : La Gauche bouge 

Le pire, c’est peut être le cynisme et la désinvolture avec lesquels ils cassent sans le moindre scrupule le tissus industriel de notre pays,  sacrifiant des millions de vies, celles de ceux qui se retrouvent sans emploi,  sur l’autel d’une rentabilité financière à deux chiffres. Bien évidemment pas question de renoncer à la moindre part de ces immenses profits pour faire fonctionner les services publics dont ils sont pourtant bénéficiaires… Comme le démontrent les auteurs, la violence des riches se traduit aussi par leur refus de payer des impôts… A tel point que le manque à gagner pour la collectivité s’élèverait, au bas mot, à 40 milliards d’euros… Alors que l’on se plait à qualifier les plus pauvres de fraudeurs et de profiteurs, et que la justice envoie en prison les petits délinquants, on constate paradoxalement une étonnante bienveillance pour la délinquance financière alors même qu’elle a des conséquences délétères sur l’ensemble de la société.

Au delà de l’accaparement et de l’humiliation permanente, une autre violence, symbolique, s’exerce aussi par la tentative d’effacement de la mémoire ouvrière. On détruit ou détourne ses symboles, on occulte son histoire de l’enseignement officiel… Ôtant ainsi toute légitimité de la majorité des Français (et des autres peuples, puisque, évidement, ce système de domination est internationalement répandu) dans la construction de leur histoire commune…

Les Pinçon-Charlot, avec ce livre, nous obligent à regarder et à comprendre les pratiques de ceux qui nous maltraitent. En accompagnant des jeunes issus de classes populaires dans les quartiers chics, en décrivant moultes pratiques révoltantes, ils nous exhortent à ne pas renoncer. Il faut oser aller sur le terrain des dominants, mettre inlassablement le nez dans leurs affaires et, surtout, pour ceux qui n’ont pas hérité de privilèges, prendre conscience de la force de leur nombre et de la nécessaire solidarité de classe qui, à l’instar de celle des riches, permet d’agir et de se faire entendre, ensemble ! Pour qu’enfin ce soit les riches qui soient perçus comme la classe dangereuse !

Car la pire des violences est peut être la trahison et le mensonge de ceux qui se font élire sur de fausses promesses. Ainsi François Hollande, qui dans son discours disait ceci en 2012 : « Partout, des privilèges apparaissent à mesure qu’une nouvelle aristocratie – j’emploie le mot à dessein – arrogante et cupide s’installe et prospère. 1 % des Français privilégiés se séparent du reste de la société. Ils vivent à côté de nous mais ils ne vivent déjà plus avec nous. Parfois, ils ne vivent même pas chez nous. Une véritable sécession sociale a vu le jour ces dernières années : des quartiers relégués, abandonnés et de l’autre des quartiers protégés, sécurisés pour que nul ne vienne déranger. Je serai le Président de la fin des privilèges parce que je ne peux pas admettre que, pendant ce temps-là, pendant que certains s’enrichissent sans limite, la précarité s’étende, la pauvreté s’aggrave et 8 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté, dont beaucoup trop d’enfants » avait au même moment comme trésorier de campagne présidentielle Jean-Jacques Augier, homme d’affaires prédateur par excellence !

Peut être alors aurait-il fallu se référer à d’autres propos de l’actuel président de la république, tenus dans le livre La gauche bouge, en 1983 :  » Finis les rêves, enterrées les illusions, évanouies les chimères. Le réel envahit tout. Les comptes doivent forcément être équilibrés, les prélèvements obligatoires, les effectifs de la police renforcés, la Défense nationale préservée, les entreprises modernisées, l’initiative libérée. « 


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