Films, Livres, Radio : émissions 2012

Lucio Urtubia : une vie de passion et de labeur au service de la cause anarchiste.

Écoutez l’émission du 14 mai avec Lucio Urtubia

Trop jeune pour participer aux combats de la révolution de 1936 mais marqué par le drame et les douleurs de la défaite puis de la chape de plomb du régime franquiste, Lucio Urtubia, né à Cascante en Espagne le 18 février 1931 dans une famille de paysans pauvres, a choisi l’exil puis la lutte clandestine contre le régime franquiste. En 1936, Lucio avait 5 ans. Ce petit basque compris vite que le soleil ne brillait pas pour lui ni pour tous les « rouges » de son espèce dans l’Espagne des lendemains de la Seconde guerre mondiale. Dans l’espoir d’un avenir meilleur, un soir d’août 1954, Lucio traverse la Nive pour s’exiler en France et se retrouver maçon à Paris. La suite, c’est le fait de hasards et de rencontres. La rencontre avec des militants de la CNT en exil sur les chantiers qui l’amène à rejoindre le groupe des Jeunesses libertaires et puis surtout, un beau matin de 1957, la rencontre avec El Quico,  Sabaté que les copains lui demandent d’héberger un moment dans son petit appartement de Clichy. À partir de ce moment la vie de Lucio prend un tournant décisif. Au contact de Sabaté, il se forme et réalise ses premiers coups. Il comprend que la lutte antifranquiste a besoin d’hommes d’action, d’armes, de faux papiers et d’argent pour réorganiser les réseaux en Espagne, payer le matériel de propagande, aider les familles des prisonniers et fournir des avocats à ces derniers. Jusqu’au début des années quatre-vingts, la vie de Lucio est rythmée par cette double vie de maçon la journée et de travailleur de la nuit au service du mouvement libertaire. Tout est bon pour alimenter les caisses de la lutte antifranquiste. Contrebande, reprise individuelle, enlèvement, impression de faux papiers, de fausse monnaie et de traveller’s chèques rythment l’activité du militant de l’ombre Lucio. il a presque réussi à mettre la First National City Bank (la plus grosse banque mondiale) en faillite à la fin des années 1970 ! En 1979, il imprima en effet l’équivalent de 20 millions de dollars en faux travellers chèques. La banque a dû venir négocier avec lui… pendant qu’il était en prison ! Dans le même ordre d’idée, Lucio a eu un plan pour faire couler… les Etats-Unis. Il a proposé à Che Gevara, lors d’une brève rencontre dans un aéroport à Paris, d’imprimer des quantités énormes de faux billets verts, pour faire couler le dollars. Le Che ayant refusé, il ne mis jamais ce plan à exécution.

Mais  Lucio est avant tout un travailleur acharné. Pour gagner sa vie et celle de sa famille, il a été maçon. Et pas qu’un peu : il a travaillé jusqu’à ses 72 ans ! Ses talents de faussaires n’ont été mis à contribution que pour la « cause », jamais pour lui-même. Pour Lucio, « Il ne faut surtout pas être dépendant de l’argent de l’Etat. L’Etat c’est le pouvoir, le capitalisme. Il nous donne quelques miettes pour nous endormir. Pour être libre, il faut gagner son propre argent, être son propre patron et ne rien attendre du système. »

Toujours debout, toujours aussi matinal et courageux, l’homme est aujourd’hui responsable de l’Espace Louise Michel , au 42 rue des Cascades dans le XXème arrondissement de Paris, un lieu dont la porte est toujours ouverte à ceux qui, en parlant avec lui, en sauront un peu plus sur toutes les grandes affaires de la lutte antifranquiste : l’épopée de Sabaté, l’affaire Granado et Delgado, les actions menées par les GARI mais aussi le soutien au peuple algérien en lutte pour son indépendance ou encore un projet inabouti en compagnie de Che Guevara… En attendant la biographie de Lucio, à laquelle il travaille actuellement. Il y sera question d’Utopie …réalisée.

 


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