Chroniques de Vincent Turban, Radio : émissions 2015

Mowest Records (1971-1973) : l’accident industriel de La Motown

Ecoutez la chronique de Vincent Turban du 12 janvier
mowest1971, Berry Gordy Jr, le charismatique fondateur du célèbre label Motown Records, décide de couper les ponts avec Detroit en déménageant vers la Côte Ouest et Los Angeles. Progressivement, les infrastructures migrent vers la Californie, et en attendant l’établissement complet de la maison de disques, le grand patron ouvre une filiale à L.A afin de capter l’essence du son californien. C’est l’acte de naissance de Mowest Records.
Le but du manitou de la soul music est de repérer de nouveaux talents, tout en les confiant à une équipe de producteurs/arrangeurs de premier ordre tel Gene Page, Hal Davis, Willie Hutch pour citer les plus connus, et de musiciens,

véritables cracks des studios sous le pseudonyme de Wrecking Crew, incluant des sommités tel Don Peake, Carol Kaye ou Leon Russell.
Sur le papier, tout est en place pour une réussite sans faille, Hélas tout se passe d’une manière radicalement différente. Au niveau promotionnel, Mowest Records est totalement oublié par la maison-mère, en effet Motown possède un catalogue extrêmement vendeur (n’oublions pas qu’à la même période les locomotives du label se nomment Marvin Gaye, Stevie Wonder, Diana Ross entre autres).La liberté artistique clamée au moment du lancement n’est qu’une mascarade finalement car le boss régence tout.
Pour couronner le tout, rares sont les groupes ou les chanteurs qui arrivent à trouver grâce aux yeux de Berry Gordy. Il existe cependant une exception avec The Commodores, leurs 2 premiers 45 tours sont des productions Mowest, mais voyant que le succès devenait croissant et potentiellement vendeur, le groupe se retrouva dans le giron de Motown Records.
En dehors de ces problèmes de taille, le « son Mowest » est une combinaison sonore de rock West-Coast teinté de pop et de soul avec Odyssey ou Frankie Valli & The Four Seasons, de jazz-funk avec The Crusaders, de funk expérimental avec Syreeta Wright (produite par son mari, l’immense Stevie Wonder), de funk-rock avec les Commodores, en passant par la soul de velours de G.C Cameron, des Sisters Love ou Suzee Ikeda.
Hélas, malgré tous ces efforts, Mowest n’arrivera jamais à se forger une identité, allant jusqu’à se faire baptiser de « sous-Motown parfum vanille », autrement dit ce label, aux yeux de ses détracteurs, n’a jamais possédé l’âme, l’essence de ce qu’était vraiment Motown. Miné par des querelles internes, un manque d’image et une gestion commerciale laborieuse, Berry Gordy décide de fermer Mowest en 1973, au moment où Motown s’installe pour de bon dans La Cité Des Anges.
Avec un total de 10 albums, 40 singles et 2 ans d’existence, Mowest Records a été gentiment balayé et mis sous le tapis de l’oubli, une fin indigne et triste à mes yeux. 2011, le célèbre label de réedition américain Light In The Attic publie « Our Lives Are Shaped By What We Love: Motown’s Mowest Story 1971-1973 » qui vous permettra de découvrir un aspect méconnu de l’empire Motown. Un petit bémol d’ordre personnel cependant, évoquer l’histoire chaotique de ce label en 1 seul cd, c’est un peu court, une double anthologie aurait été la bienvenue, au vu de certains joyaux publiés, mais que l’on ne retrouve pas malheureusement sur cette compilation.


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