Livres, Radio : émissions 2014

Odile ou la défaite de Bartleby

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Dans Départ volontaire, un récit haletant, Jean-Luc Debry pose un regard analytique et empathique sur la ddepartvolontaireescente aux enfers d’Odile, secrétaire de direction dans une entreprise de taille suffisamment critique pour ne pas pouvoir échapper à la spirale du grand Monopoly capitaliste mondial.

L’auteur, lui même familier du « monde de l’entreprise », décrit avec une précision incisive les codes du petit théâtre qui accompagne toute opération de cost killing (aussi appelé croissance interne) visant à satisfaire l’appétits d’actionnaires invisibles et lointains. Mais là où un Bartleby, dans la nouvelle de Melville, arrivait en leur opposant une force d’inertie à décourager ses supérieurs, le management contemporain aux prises duquel se trouve Odile, a dématérialisé l’autorité à travers une fallacieuse objectivation statistique et comptable. L’autorité se fait chronomètre, chaque minute est « renseignée » et cette auto évaluation permanente rend tout simplement fou celle qui la subit. Le seul moyen, pour échapper à cet enfer, serait de « devancer l’appel » en adhérant , voire en précédant les directives… Mais il reste trop de dignité à l’héroïne de Départ volontaire pour se livrer à une telle comédie… Alors… courrez acheter le livre pour connaitre la fin de l’histoire, qui est aussi l’assemblages de petites histoires, de détails et de personnages qui font une vie. Curieusement, elle ressemble, par bien des aspects à la notre !

Quatrième de couverture (éditions noir et rouge)

« Ah ! Odile, comme je suis heureuse de te rencontrer. On me dit le plus grand bien de ton travail. Charles est dithyrambique à ton sujet, et tu sais combien je l’estime. Bon, je vais être directe. Ce n’est pas mon genre de tourner autour du pot. Bon, tu es une parfaite animatrice. Et c’est justement à ce titre que je voulais te parler. Voilà, tu n’es pas sans savoir que nous sommes engagés dans une opération fitness. Je veux dégraisser en douceur… Pour ça, je vais avoir besoin de toi. On a ouvert un guichet pour les partants. On n’est pas chien. Si besoin est, on finance des formations pour faciliter les reconversions.C’est correct, non ? Bon, le hic, c’est que pour l’instant les volontaires ne se bousculent pas au portillon. Alors, on va être obligé de pousser quelques personnes vers la sortie. Mais sans faire de vague, hein pas de vague, pas d’hystérie, ni de blabla revendicatif. Pour toi, ça va être assez simple. J’ai besoin d’un dossier sur une seule personne. »

Jean-Luc Debry est l’auteur de Tous propriétaires. Du triomphe des classes moyennes (Homnisphères, 2008) et de Le Soldat françaoui, de Sotteville à Sétif (L’Insomniaque, 2007).


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