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Quand il nous semblera naturel que la Belgique puisse devenir un « territoire d’outre mer » du Congo, ou quand on demandera à des « observateurs » ivoiriens de venir contrôler les élections à Corbeille-Essonne ou à Marseille, alors, peut être seront nous réellement sortis du colonialisme !
A la lecture du livre Désobéir au colonialisme, de Patrick Farbiaz, aux éditions Le passager Clandestin, on comprend en effet que, contrairement à ce qu’il est coutume de lire et de penser, le colonialisme n’est pas mort avec la fin de la guerre d’Algérie et de l’Empire français. Il se perpétue à travers des occupations de territoires de la Palestine au Sahara occidental, du Kurdistan au Tibet. L’ordre colonial prend de nouvelles formes : néocolonialisme, Françafrique, colonialisme interne, territoires d’outre mer, dette financière, ou écologique, accaparement des terres, contrôle des images et des sons…
Au nom du « développement », les pays du Nord mettent en place un nouveau système de domination, le nouvel ordre colonial. Ce colonialisme global est un colonialisme de la mondialisation.
En France, les discriminations racistes instituent une ségrégation post coloniale dans les quartiers populaires tandis que les nostalgiques de la « colonisation positive » vont jusqu’à faire voter des loi en ce sens. Face au nouvel ordre colonial, une nouvelle génération de militants anticolonialistes invente de nouvelles formes de désobéissances, liant le passé, le présent et l’avenir pour résister et décoloniser.
Et à propos de passé, pas si éloigné, les mêmes éditions Le passager clandestin publie Le rapport Brazza préfacé par de Catherine Coquery-Vidrovitch, professeure émérite de l’université Paris-Diderot, historienne de l’Afrique et de la colonisation et postfacé par Patrick Farbiaz, animateur et cofondateur de l’association
Le rapport Brazza met en lumière un système inefficace, coûteux pour l’État et surtout à l’origine d’abus massifs et intolérables. Il montre le poids exercé par les intérêts privés sur la politique coloniale. Il prouve que l’administration française ne pouvait ignorer ces dérives, qu’elle les tolérait et que, dans une certaine mesure, elle les couvrait.
À travers cette histoire singulière c’est la question même de la mémoire et de l’écriture de l’histoire coloniale française et européenne qui est posée à nouveaux frais, comme l’explique Catherine Coquery-Vidrovitch, seule historienne française à avoir eu connaissance du rapport, dès 1965 : « Tout se passe comme si on avait affaire à un cas d’amnésie collective, ou plutôt à une volonté collective de ne pas savoir, de ne pas se souvenir. (…) Ce manque de curiosité, ou plutôt ce désir, inconscient ou non, de ne pas inventorier le passé colonial, dure encore aujourd’hui. (…) La raison d’être de la présente édition est, sur des faits précis, d’établir aussi fidèlement que possible le savoir tel que nous l’ont transmis des documents originaux, inédits, abondants et librement consultables, seule façon de prendre sereinement connaissance de la totalité de notre passé. »