Écoutez l’émission du 5 décembre avec Alain Bosc
Alain Bosc, nous rappelle l’engagement de la CIMADE, en faveur des droits des peuples et du respect du droit international. Le 31 octobre, les Palestiniens avaient enregistré une victoire diplomatique sur la voie de la reconnaissance de leur Etat, en devenant le 195ème membre de l’Unesco, à la suite d’un vote écrasant de la Conférence générale, où seuls 14 Etats s’y étaient opposés. Cette adhésion est maintenant effective après la signature fin novembre de l’Acte constitutif de l’Unesco déposé dans les archives du gouvernement britannique à Londres. Les Etats-Unis avaient aussitôt suspendu leur financement de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture. Deux lois américaines interdisent en effet à la Maison Blanche de financer une agence des Nations unies qui accepte les Palestiniens comme Etat. Barack Obama avait même admis ensuite avoir eu « une conversation très franche et ferme » avec Nicolas Sarkozy du fait de « sa profonde déception à l’égard du vote de la France en faveur de l’entrée des Palestiniens à l’Unesco ». La décision américaine prive l’Unesco de 22% de son budget, soit un trou de 65 millions de dollars dès 2011, puis de 143 millions de dollars sur les années 2012-2013. Cela a contraint la directrice générale Irina Bokova à annoncer un plan drastique d’économies, même si des Etats ont annoncé des contributions exceptionnelles comme l’Indonésie (10 millions de dollars) et le Gabon (2 millions de dollars). De son côté, Israël avait pris de fortes mesures de rétorsion contre les Palestiniens en décidant d’accélérer la colonisation à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée et en gelant le transfert de fonds aux autorités de Ramallah. Finalement, sous la pression internationale, Israël a levé un mois après le gel de ces fonds qui représentent deux tiers des recettes budgétaires propres de l’Autorité et proviennent des taxes douanières et de la TVA prélevées sur les marchandises destinées aux Palestiniens transitant par Israël. De fait, l’adhésion des Palestiniens n’a pas eu d’impact sur leur candidature à l’ONU, où ils n’ont toujours pas l’assurance d’obtenir les 9 voix sur 15 nécessaires au Conseil de sécurité, ce qui contraindrait les Etats-Unis à y opposer leur veto. Bien que cette voie semble sans issue, Mahmoud Abbas a réaffirmé le 5 décembre que les démarches se poursuivaient au Conseil. Une solution de rechange serait de demander un vote à l’Assemblée générale de l’ONU où les Palestiniens sont assurés de trouver une large majorité. Mais cette solution ne leur apporterait qu’un statut amélioré de « pays non-membre observateur » à comparer avec leur statut actuel d' »entité observatrice ».
« Il nous semble important que la France soutienne cette opportunité présentée par l’Autorité Palestinienne. Cette reconnaissance devrait permettre de nouvelles négociations pour mettre fin à l’occupation israélienne des Territoires palestiniens et des autres territoires arabes occupés, et pour garantir pour tous sans exception la sécurité et la paix. » écrit Patrick Peugeot, le président de la CIMADE au chef de l’État français afin de tenter de le convaincre d’accorder la voix de la France en faveur de la candidature palestinienne lors du vote au Conseil de sécurité… La politique et sur tout la diplomatie française en ce qui concerne la Palestine est effectivement très peu lisible : comment expliquer en effet que l’absence de réaction officielle quand un diplomate français et sa famille ont été blessés dans la nuit du 13 au 14 novembre, par un raid israélien, au moyen de quatre missiles, qui selon des témoins, a endommagé sa maison, située près de Beit Lahya, à 200 mètres du poste de police visé par l’armée israélienne. Le Mardi suivant, la France avait adopté un profil bas au sujet de ce raid, rappelant simplement à l’ambassadeur israélien « que, tout en reconnaissant la nécessité pour Israël d’assurer sa sécurité, il importe de prévenir toute atteinte aux civils de même qu’à la présence française à Gaza »… Cette affaire est survenue alors que le président Nicolas Sarkozy vient de témoigner dans une lettre au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu son « amitié entière »…