Écoutez l’émission du 11 juin avec Patrick Marcolini
Dans son livre « Le mouvement situationniste, Une histoire intellectuelle », Patrick Marcolini pose un regard dépassionné sur ce mouvement initié par Guy Debord en 1957 et dissout, une quinzaine d’années plus tard par son fondateur. Mais si le fait de n’avoir pas vécu lui même à la belle époque du situationnisme lui permet d’avoir une certaine distance, ce jeune philosophe et historien des idées n’en a pas moins accumulé et analysé les documents du mouvement situationniste, rencontré les acteurs et fréquenté ceux qui poursuivent leur aventure. Ce livre, comme souvent ceux publiés aux éditions l’Echappée, est donc documenté et surtout, engagé ! Il analyse avec précision les racines culturelles des théories et des pratiques situationnistes. Il explore également leur postérité diverse et souvent contradictoire : entre récupération et radicalisation, du côté des intellectuels postmodernes ou de l’art contemporain, chez les stratèges du pouvoir néocapitaliste comme dans les rangs des révoltés d’aujourd’hui.
Dans les années 1960 et 1970, partout dans le monde, des révoltes éclatent contre l’emprise grandissante de la marchandise et de l’État sur tous les aspects de la vie. Les situationnistes ont contribué à forger les outils critiques de ce soulèvement généralisé, aux côtés d’intellectuels et de groupuscules influencés par le marxisme et l’anarchisme. Mais à la différence de ces derniers, ils ne venaient pas tant du mouvement ouvrier que des avant-gardes artistiques du XXe siècle : Dada, le surréalisme, le lettrisme. Artistes en rupture de ban, mi-rebelles mi-voyous, les situationnistes s’étaient réunis sur la base d’un programme radical : le refus des conditions de vie faites à l’homme moderne, aussi bien dans les sociétés capitalistes avancées que dans les régimes dits communistes, et la volonté d’expérimenter de nouvelles formes d’existence et de communauté en rupture avec l’ordre établi.Un combat qui demeure d’actualité !