Films, Radio : émissions 2014

Se battre : à la découverte des valeurs des « Sans argent »

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affiche-se battreAujourd’hui, pour plus de 13 millions de Français, la vie se joue chaque mois à 50 euros près. Derrière ces statistiques, se livrent au quotidien des combats singuliers menés par des hommes et des femmes qui ont la rage de s’en sortir et les mots pour le dire. À leurs côtés, des bénévoles se donnent sans compter pour faire exister un monde plus solidaire. C’est cette réalité que les réalisateurs Andréa Santana et Jean-Pierre Duret sont allés filmer, trois mois durant, dans la petite de Givors, en périphérie lyonnaise.

Leur film, justement intitulé « Se battre » , en salles depuis mercredi 5 mars est constitué de  portraits aussi touchants qu’instructifs qui amènent, loin des clichés, des poncifs et de tout « embarras compassionnel », à nous interroger sur le sens de nos vies, de celui du travail, sur l’importance de la solidarité, d’un lien de qualité avec les autres, avec la nature et les animaux.

« Nous sommes arrivés à Givors en novembre 2011 pour ouvrir le chantier du film. Pourquoi Givors? C’est une ville moyenne de 20000 habitants, sise entre le Rhône et le Gier, adossée à la campagne et traversée par l’autoroute qui de Lyon conduit à Saint-Étienne. Elle fut une grande ville ouvrière, son bassin industriel a créé beaucoup d’emplois et attiré nombre d’immigrés venus de toute part. Et puis tout s’est écroulé très rapidement, il n’y a pas si longtemps.

Givors nous semble être emblématique d’une histoire telle que la connaissent une grande majorité de français.

Les personnes que nous avons filmées sont quelques unes parmi les millions qui, dans notre pays, ont des fins de mois difficiles, qu’elles aient un travail ou non.

Ce n’est pas un film sur la précarité ou la pauvreté. C’est un film fait avec des êtres qui traversent cette précarité dans la banalité du quotidien, du chômage, de la survie ou du travail mal payé. Ils sont le paysage à découvrir avec leur vitalité, leur détermination à vivre, leur culture de résistance. En effet, ce n’est pas parce qu’on est pauvre, qu’on est dénué de parole, de rêves, de sentiments, ou qu’on n’est pas dépositaire de mémoire et d’envie de transmettre à ses enfants l’idée d’un monde meilleur.

Nous sommes en train d’accepter petit à petit en France l’idée d’une société à deux vitesses, entre ceux qui ont plus au moins, et ceux qui n’ont plus. Mais être pauvre aujourd’hui chez nous, c’est aussi ne plus être entendu, ne plus être vu ou regardé, c’est se cacher, se taire, et subir un vrai racisme social. Tous ces mots par lesquels on les stigmatise, assistés, déclassés, et tant d’autres qui font mal, provoquent ainsi chez eux un sentiment de culpabilité, tout en les séparant de plus en plus de nous.

Filmer, c’est prendre soin de l’autre. Chacun de nous construit sa vie en se confrontant aux regards des autres. Si ce regard n’existe plus, la vie s’arrête.

C’est pourquoi nous voulions aussi rendre hommage au travail des bénévoles des associations d’entraide, une véritable armée de l’ombre, qui aux côtés des plus démunis essaye de ne pas les laisser seuls. L’évidence avec laquelle certains êtres aident les autres, leur don de soi, est quelque chose d’admirable.

Nous avons eu le sentiment de filmer à Givors la substance d’un pays, sa moelle. Nous avons rencontré le peuple français tel qu’il est tel et tel qu’il maintient vive sa culture de résistance et de générosité, sa part de singularité.

A condition de lui prêter attention. A condition de le considérer et ne pas le laisser dans la solitude. »

Jean-Pierre Duret et Andréa Santana

 

 


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