Chroniques de Vincent Turban, Radio : émissions 2014

Syl Johnson, l’enfant du blues

Téléchargez la chronique de Vincent Turban du 17 novembre

Ecoutez la chronique de Vincent Turban du 17 novembre
Syl 70'sBluesman façonnant sa carrière avec une touche irrésistible de soul depuis plus de 60 ans, endossant les casquettes de guitariste, harmoniciste et producteur, Syl Johnson continue de faire parler de lui de nos jours, grâce à sa musique plébiscitée et samplée par toute une pléiade d’artistes hip-hop tels Wu Tang Clan, Geto Boys, ou Kool G Rap entres autres. Johnson donnera le meilleur de lui-même sur des labels tels Twinight Records ou Hi, l’autre grand nom de la soul de Memphis.

Né Sylvester Thompson le 1er Juillet 1936 à Holly Springs, Mississippi, le virus de la musique semble s’être abattu sur cette famille puisque ses frères Jimmy et Mack firent eux aussi carrière en tant que guitariste-chanteur pour l’un et bassiste pour l’autre. Comme beaucoup d’autres, afin de fuir la misère et la ségrégation, le clan Johnson émigre vers la Mecque industrielle de l’Illinois, Chicago « the Windy City ». Nous sommes alors en 1950.

Au fur et à mesure, Syl Johnson acquiert de l’expérience en jouant auprès de grands noms du blues tels Magic Sam, Howlin’ Wolf,Elmore James ou John Lee Hooker, mais il décide d’abandonner le rôle de sidemen pour se consacrer à sa propre carrière en décrochant un contrat pour le label King/Federal qui débouchera sur la commercialisation de ses premiers 45 tours

Sur une période de 3 années, le chanteur se fraye un chemin dans le music business mais s’interroge sur son futur artistique. Ce doute se dissipera à la suite de sa signature sur le label Twilight Records (rebaptisé plus tard Twinight Records) avec lequel il obtiendra son premier vrai hit au point de frôler le top ten des charts R&B pendant l’été 1967.Grâce à « Come On Sock It To Me », Johnson occupe une place prépondérante au sein de ce label chicagoan en endossant le double emploi de faiseur de tubes et de producteur. Il s’occupera entre autre de groupes comme The Deacons (qui abrite en son sein son frère Jimmy), Pieces of Peace (qui deviendra son backing band personnel), Simtec & Wylie ou the Notations.

Comme beaucoup de ses contemporains, Syl Johnson est lui aussi préoccupé par les maux dont souffre sa communauté au point de muscler le contenu de ses chansons, les morceaux « Is It Because I’m Black » (repris par le grand Ken Boothe) ou « Concrete Reservation » en sont l’exemple le plus flagrant. En 1971, Willie Mitchell réussit à faire venir Johnson au sein de son légendaire label Hi Records. Au départ, l’alchimie ne prend pas mais Mitchell prend conscience de l’originalité de son nouveau chanteur en évitant d’en faire un deuxième Al Green (la star incontournable de Hi à cette époque). De 1973 à 1975, les hits défilent comme “We Did It », « Back for a Taste of Your Love», “Take Me to the River”, “Let Yourself Go” ou “I Want To Take You Home (To See Mama)”. Cependant chez Hi, Syl Johnson reste dans l’ombre d’Al Green, sur l e plan commercial bien entendu.

À la fin de l’aventure Hi, Johnson publiera deux albums sur son propre label Shama Rcords, puis il s’éclipsera progressivement de la scène musicale pour s’occuper d’un business de restauration rapide, se contentant de rares apparitions dans des clubs de blues. Puis au début des années 90, se rendant compte que des artistes rap et hip-hop utilisaient sa musique, il reprend la route depuis cette période mais veille scrupuleusement à récupérer ses royalties au passage car Syl déclare « qu’utiliser la musique d’un artiste sans compensation financière relève du vol  pur et simple ».


REAGIR A CET ARTICLE

XHTML: Vous pouvez utiliser ces balises: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Please note: Comment moderation is enabled and may delay your comment. There is no need to resubmit your comment.