Ecoutez la chronique de Vincent Turban du 9 mars
Formation légendaire aux talents variés grâce à la qualité musicale indiscutable de ses membres, véritable fer de lance du rock sudiste, le groupe Allman Brothers Band mérite amplement sa place au panthéon du rock n’roll, malgré une histoire façonnée par la gloire mais aussi par la tragédie.
Formé à Macon, Géorgie autour des frères Gregg Allman (voix, orgue), né le 8 Décembre 1947, et Duane Allman (guitare slide et mélodique) né le 20 Novembre 1946, ce collectif rassemble au total 6 musiciens venant d’horizons différents (Jay Johanny Jaimoe Johanson, batteur /percussionniste vient du RnB, Dickie Betts le guitariste soliste est plutôt country). Fort de ces influences qui cimentent littéralement le noyau fraternel, le groupe se fait remarquer sur scène dans le style « Jam Band » avant de publier son premier album pour Capricorn Records.
Succès timide au départ malgré des pépites comme « Trouble No More », « Whipping Post », «Every Hungry Woman » ou « It’s Not My Cross To Bear » ce disque éponyme obtient les louanges de la presse musicale et annonce la future orientation artistique qui les mènera sur la route de la reconnaissance et du succès.
Le suivant « Idlewild South » (1970) ne fait que confirmer le talent indéniable du gang de Macon, véritable communauté mi-hippie mi –biker qui vit sous le même toit, dans une maison collective. Allman Brothers Band est en passe de devenir l’un des groupes les plus populaires du pays de l’Oncle Sam, d’autant plus que leur musique, véritable melting pot irrésistible de blues, de soul, de jazz modal, disons certains morceaux sont clairement calibrés pour la bande FM.
« In Memory Of Elizabeth Reed »,”Don’t Keep Me Wonderin’”,”Leave My Blues At Home” sont de véritables démonstrations musicales où les interventions de guitare slide (Duane Allman est un maître absolu en la matière et un des meilleurs guitaristes du 20ème siècle) croisent le fer avec les solos inspirés de Dickie Betts, soutenu par une double section rythmique, personnifiée par Messieurs Butch Trucks et Jaimoe Johanson sur lequel se greffe la basse volubile et fluide de Berry Oakley. La touche finale, la voix puissante et habitée de Gregg Allman derrière son orgue Hammond.
Enregistré les 12 et 13 Mars 1971 à New York, le double album « At Fillmore East » est une référence absolue de la discographie du groupe, et n’ayons pas peur des mots, le meilleur album live de l’histoire du rock .Au top de sa forme, chaque musicien est touché par la Grâce Divine, une émulation complice est clairement ressentie entre les 2 guitaristes, et on ne s’ennuie pas une seule seconde tout au long des 7 morceaux. Rien à jeter, pas un seul titre à envoyer à la trappe. Mes préférences personnelles se portent particulièrement vers « You Don’t Love Me » et« Done Somebody Wrong », 2 reprises explosives de grands standards du blues.
Peu de temps après que « At Fillmore East » ne devienne disque d’or, La Faucheuse vient interrompre la course vers la gloire. Duane Allman décède à l’âge de 25 ans le 29 Octobre 1971, victime d’un accident de moto. Accusant très mal le coup, plus particulièrement le bassiste Berry Oakley, inconsolable de la perte de son ami, le groupe se remet en selle pour graver « Eat a Peach » (1972), une œuvre constituée de titres live et studios. Toujours ce son caractéristique, atypique qui se ressent sur « Stand Back », « Les Brers In A Mirror », « One Way Out », un recueil vraiment indispensable à tout point de vue. Mais le 11 Novembre 1972, la mort rôde à nouveau avec le décès de Berry Oakley des suites d’une hémorragie cérébrale due à un accident de moto, se déroulant à 3 pâtés de maison du lieu où Duane perdit la vie 1 an plus tôt.
Frappé de malchance mais auréolé d’une gloire vraiment méritée, The Allman Brothers fait partie des ces groupes qui m’ont amené à développer mon évolution musicale. Une vraie claque sonore que je vous invite à découvrir ou redécouvrir de toute urgence.
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