Chroniques de Vincent Turban, Radio : émissions 2015

The Temptations (1968-1975), quand souffle le vent de l’émancipation !

Ecoutez la chronique de Vincent Turban du 15 juin

cloud_nineAu fil des années 60, Motown  auréolé de gloire et de crédibilité depuis sa création en 1959, est devenu la bande sonore de la jeune Amérique avec ses hits parfaitement calibrés. Pourtant, il reste un créneau sur lequel le label n’ose pas s’aventurer, celui  de la prise de conscience des problèmes affectant l’Amérique noire.

Sous l’impulsion de Norman Whitfield, The Temptations vont effectuer une incursion dans l’univers de la « Soul Psychédélique » qui écrira une des plus belles pages de l’histoire de Hitsville USA. Une véritable révolution sonore amorcée à la sortie de « Cloud Nine » (1968) qui coïncide avec l’arrivée de Dennis Edwards en remplacement de David Ruffin qui souhaitait devenir le leader du groupe. Guitares Wah Wah en avant, effets sonores et généreuses lignes de basses caractérisent cette émancipation artistique libérée d’un carcan un peu trop convenu par moments.

« Cloud Nine » la pièce maîtresse de l’album du même nom sera récompensée d’un Grammy Award en 1969.Suivront « Runaway Child Running Wild », « I Can’t Next Get To You », « Psychedelic Shack » et « Ball Of Confusion » (1970) qui liste tous les maux qui déchirent l’Amérique : la ségrégation raciale, la guerre du Viêtnam, les politiciens véreux et corrompus, la toxicomanie galopante…

Ce son novateur et radical s’accompagne d’un changement vestimentaire : les Tempts délaissent les smokings pour des tenues plus en adéquation avec leur musique. Pourtant la formation d’origine va progressivement disparaître avec les départs de Eddie Kendricks (mal à l’aise dans le registre psychédélique et en froid avec Otis Williams) et Paul Williams (en proie à des graves problèmes d’alcoolisme combinée à une dépression et une maladie héréditaire, il se suicide d’une balle dans la tête le 17 Aout 1973).

Richard Street des Monitors et Damon Harris, un clone vocal parfait de Mr Kendricks font leur entrée dans le groupe qui continue de voguer sur la vague du succès avec « Superstar »(1971), « Take A Look Around »et bien sur l’inouï « Papa Was A Rolling Stone » (1972) couronné d’un Grammy Award, le second pour les Temptations. Ce sera l’âge d’or pour le quintet avec un défilé de hits entre 1973 et 1975 : « Masterpiece », « Plastic Man », « Hey Girl », « Let Your Hair Down », « You’ve Got My Soul On Fire », «Glasshouse », « Happy People » et «Shakey Ground ». Ces chansons sont extraites des albums”Masterpiece” “1990” et « A Song For You ».

Lassés de devenir des faire valoir, agacés que Whitfield limite leurs interventions vocales sur des fresques musicales de plus en plus complexes et léchées dépassant par moments les 14 min, The Temptations entament une collaboration avec Jeffrey Bowen,  transfuge d’Invictus Records alloué suite au départ de Whitfield.

Malgré les qualités musicales indiscutables du Lp « A Song For You », le nouveau producteur fait vivre un calvaire aux Temptations à cause de son caractère irascible et violent, et ces derniers vivent mal cette relation. Ajoutez à cela les egos surdimensionnés, les comportements de diva de certains membres et les changements incessants de personnel, The Temptations entament lentement leur déclin…

Fin de cette période exceptionnelle qui écrira parmi les plus belles pages du funk, de la soul, de la musique populaire et du rock de cette décennie musicale foisonnante.


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