Chroniques de Vincent Turban, Radio : émissions 2013

Undisputed Truth : le laboratoire d’idées De Norman Whitfield

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Undisputed TruthQualifiés par leur label et par leur producteur de groupe expérimental, cantonné aux premières parties des grands noms de la Motown, Undisputed Truth ne mérite pas d’être dénigré de la sorte, bien au contraire.

A la fin des Années 60, Norman Whitfield, génial producteur des Tempations radicalise à jamais le son de la vénérable firme de Detroit Michigan en proposant sa vision de la soul en incorporant des éléments psychédéliques issus  du rock. C’est l’acte de  naissance de la « Soul Cosmique » qui grâce au succès de « Cloud Nine » prend son envol et balaie tout sur son passage.

Mais désireux de pousser ses expérimentations sonores, Whitfield, tel un savant fou, a besoin de cobayes. C’est pourquoi il convoque le groupe Undisputed Truth, formé sur casting autour du chanteur Joe Harris (qui fit ses armes au sein des Preps) et des choristes Brenda Joyce et Billie Rae Calvin (qui ont côtoyé les Supremes et les Four Tops).

Après une période de rodage, la nouvelle formation obtient son premier best seller, une reprise des Temptations nommé « Smiling Faces Sometimes » (1971) diatribe à peine édulcorée de l’administration Nixon, fort peu populaire à cette époque. Carton sur toute la ligne, le single grimpe à la troisième place du Billboard et à la deuxième place des charts RnB.

Rien n’est gagné pour autant malgré ce départ en trombe car le succès ne dure pas. En effet Norman Whitfield est accaparé par le succès des Temptations et Undisputed Truth passe au second plan en devenant groupe test, c’est-à-dire que le groupe est envoyé en première ligne pour prendre la température du succès. Un exemple flagrant est le cas «Papa Was A Rolling Stone » en 1972, car la version originale est chantée par le trio mais fait un véritable flop. Whitfield redonne le titre aux Temptations, change la musique et là hit mondial qui obtiendra 3 Grammy Awards l’année suivante en 1973.

 

Entre 1971 et 1973, le groupe évolue dans l’ombre et n’obtient que des succès mineurs tels « What It Is », « You Make Your Own Heaven And Hell Right Here On Earth » (extraits du second opus Face To Face With The Truth) ou “Law Of The Land”. Des tensions internes apparaissent et Calvin et Jones quitte le groupe, ce qui conduit Norman à faire appel au groupe Magictones pour épauler Joe Harris. Constitué des chanteurs Tyrone Douglas, Tyrone Berkeley, Calvin Stevens et de la chanteuse Virginia McDonald, Undisputed Truth se métamorphose en quintet et s’oriente vers un son de plus en plus radical et une apparence visuelle de plus en plus cosmique, constituée de peintures faciales et de perruques afro blanches.

Ce paroxysme atteint son point d’orgue avec les albums « Down To earth » (1974), «Cosmic Truth » et « Higher Than High » (1975) où la tessiture sonore oscille entre soul-funk cosmique et rock. Norman Whitfield en en froid avec Motown à ce moment là, décide de quitter le label avec Undisputed Truth dans ses bagages et crée sa propre maison de disques, Whitfield Records.

Fin de l’aventure Motown et début de la fin pour cette formation qui marquera le monde de la musique soul-funk, Undisputed Truth mérité d’être redécouvert et réhabilité dans la grande histoire, parfois amnésique, de la musique afro-américaine des 60’s et des 70’s.


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